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Interview 30 décembre 2025, 12:00

Djimi Traoré : "Chaque match est une opportunité à saisir"

Djimi Traoré : "Chaque match est une opportunité à saisir"
Engagé dans trois compétitions (Youth League, PLIC, Challenge Espoirs), le Groupe Elite a vécu une première partie de saison intense. Djimi Traoré fait le point à mi-parcours et se projette sur le début d'année 2026.

Djimi, nous faisons cet entretien à chaud, juste après le dernier match de l’année face à Everton dans le cadre de la Premier League International Cup (PLIC). Celui-ci s’est malheureusement achevé sur une défaite concédée à la dernière minute. Quelle analyse en fais-tu ?
Nous savions que ce match allait être un peu difficile. Mais malgré ce résultat je pense que nous avons fait une bonne partie. Notre première mi-temps a été intéressante. Dans la seconde j’ai senti les joueurs fatigués. Nous voulions prendre au moins un point, malheureusement nous avons encaissé un but que nous aurions pu éviter en toute fin de match.


Peut-on dire que c’est une issue un peu cruelle et une défaite imméritée ?
Disons que le haut niveau se joue sur des détails et que cette fin de match en a apporté la preuve. Mais au-delà du résultat qui n’était pas celui attendu, je pense que c’est formateur pour les joueurs, pour leur développement, d’affronter des équipes qui jouent un football différent du nôtre. Après c’est un combat, un défi physique permanent. Everton a joué beaucoup de ballons dans la profondeur et je trouve que nous avons bien géré ces situations. J’espère qu’on va apprendre rapidement de ce match-là.

Quand nous jouons dans des stades comme le Goodison Park, ça les rapproche un peu plus du monde professionnel. C’est une opportunité incroyable pour des jeunes joueurs de fouler une pelouse qui a vu passer de grandes équipes et de grands joueurs.
Djimi TraoréCoach AS Monaco Groupe Elite

Cette défaite n’est pas une bonne opération dans l’optique d’une qualification pour les quarts de finale, mais il reste encore deux matchs pour essayer d’accrocher l’une des deux premières places du groupe…
C’est ça. Début janvier nous allons affronter Wolverhampton, puis nous irons ensuite à Manchester pour jouer contre City. Ce sont deux très bons matchs à jouer. Nous allons d’abord essayer de faire une bonne performance face aux Wolves. Notre objectif sera de prendre trois points pour jouer ensuite un match décisif contre City.

Djimi Traoré durant lamine en place d'une séance d'entraînement du Groupe Elite de l'AS Monaco.
Le Groupe Elite dispute trois compétitions cette saison. La PLIC et le Challenge Espoirs concernent les joueurs U21, avec la possibilité d’intégrer trois joueurs plus âgés. La Youth est quant à elle limitée aux U19, avec la possibilité d’intégrer trois U20. Cela permet d’avoir beaucoup de diversité dans les oppositions. Peut-on dire que c’est idéal pour le progression des jeunes ?
C’est très positif pour les joueurs en effet. Concernant le niveau de ces compétitions, je dirais que celui de la PLIC est supérieur à celui de la Youth League, car nous affrontons des équipes plus matures et plus physiques. Nos joueurs sont confrontés à un style de jeu plus direct, plus athlétique. Je trouve que c’est très intéressant car ce n’est le style auquel ils sont habitués. Ça les force à trouver des solutions différentes et je pense que ça accélère leur développement. C’est ce que demande le très haut niveau auquel nous les préparons.

Notre objectif est toujours d’être les plus performants possible individuellement et collectivement. Quand on vise le haut niveau, on doit avoir cette exigence.
Djimi TraoréCoach AS Monaco Groupe Elite

Sur ce match contre Everton les joueurs ont aussi pu découvrir une enceinte mythique, Goodison Park et ses 40 000 places. Même si l’affluence était moindre, c’est quand même un environnement incroyable dans un stade qui accueillait encore des matchs de Premier League il y a quelques mois…
Exactement. Par rapport à l’atmosphère et à l’ambiance, quand nous jouons dans des stades comme le Goodison Park, ça les rapproche un peu plus du monde professionnel. C’est une opportunité incroyable pour des jeunes joueurs de fouler une pelouse qui a vu passer de grandes équipes et de grands joueurs. Après c’est une question de préparation, de manière d’aborder la compétition. Nous on vient avec beaucoup d’ambition, car nous ne sommes jamais sortis de la phase de groupes et c’est quelques chose que nous voudrions réaliser cette année.

Les Rouge et Blanc s'étaient inclinés 1-0 à Bruges lors de la 1re journée de Youth League. Ils auront l'occasion de prendre leur revanche en 16es de finale.
Les Rouge et Blanc s’étaient inclinés 1-0 à Bruges lors de la 1re journée de Youth League. Ils auront l’occasion de prendre leur revanche en 16es de finale.

Pour ce qui est de la Youth League, pour la deuxième année consécutive vous êtes qualifiés pour les 16es de finale. C’est un nouveau déplacement en Belgique qui vous attend pour affronter le Club Bruges début février. Quel regard portes-tu sur le parcours de ton équipe jusqu’ici? Et comment abordes-tu la suite de la compétition avec ce match forcément particulier ?
Nous avons débuté cette compétition avec un nouveau groupe, plus jeune. Forcément nous avons mis du temps à être performants. Nous avions effectué une grosse préparation. Une fois que les joueurs l’ont digéré et que nous avons commencé à avoir des repères collectifs, nous sommes montés en puissance et avons obtenu de meilleurs résultats. Le bilan est positif. Nous avons engrangé plus de points et obtenu un meilleur classement que la saison dernière. Nous avons aussi marqué plus de buts (20). Alors certes nous en avons aussi encaissé plus (10), mais l’objectif d’atteindre les 16es de finale a été atteint. Maintenant nous allons jouer à l’extérieur contre une équipe qui nous a battu lors de la 1re journée. Mais cela sera un match différent que nous allons aborder différemment.

L’aborderez-vous avec un esprit revanchard ?
Il y aura forcément un peu de ça. Nous aurons le costume d’outsiders, mais si nous faisons les choses correctement nous aurons toutes nos chances. C’est un très bon match à jouer pour nos joueurs engagés en Youth League. Mais plus globalement, quand on parle du Groupe Elite, comme pour les U19 et U17 je pense, on aborde toujours une compétition avec l’ambition d’aller le plus loin possible, quelles que soient les oppositions et les difficultés auxquelles nous faisons face. Notre objectif est toujours d’être les plus performants possible individuellement et collectivement. Quand on vise le haut niveau, on doit avoir cette exigence.

Cela dépasse même le cadre des compétitions. Quand on assiste aux « performances games » du Groupe Elite on ne voit pas vraiment de différence avec les matchs officiels…
Non, parce que j’essaye en tant que formateur, mais en tant que coach aussi, de toujours motiver l’équipe. Je veux faire comprendre aux joueurs que les performances collectives passent par les performance individuelles, que chaque match est importante pour eux. Ils sont jeunes, ils sont très observés, donc très exposés. Ils doivent toujours prouver qu’ils ont un avenir dans le football de haut niveau.

Ces jeunes ont une chance incroyable et chaque performance compte pour eux. En plus dans le Groupe Elite nous sommes amenés à faire pas mal de turnover, donc les joueurs doivent comprendre que chaque match est une opportunité à saisir.
Djimi TraoréCoach AS monaco Groupe Elite

La pression est permanente quand on veut se faire un place dans le football professionnel…
Oui et c’est le cas en Youth League, comme ici en Angleterre dans le cadre de la PLIC ou dans notre compétition domestique qu’est le Challenge Espoir. Et les « performance games » ne font pas exception. Tout le monde les observe avec attention, le staff de l’Academy, celui des pros, la direction du club, mais aussi les scouts d’autres clubs. Ces jeunes ont une chance incroyable et chaque performance compte pour eux. En plus dans le Groupe Elite nous sommes amenés à faire pas mal de turnover, donc les joueurs doivent comprendre que chaque match est une opportunité à saisir.

Justement, sur ce match d’Everton tu as renouvelé près de 50% du onze de départ aligné lors du match précédent contre Southampton, suite à l’intégration de plusieurs joueurs au sein du groupe professionnel pour la préparation du match de Coupe de France à Auxerre. Depuis le début de saison plusieurs joueurs issus du Groupe Elite ont fait leurs débuts en L1 ou en Champions League. N’est-ce pas la plus belle des victoires pour toi, ton staff et plus largement pour l’Academy ?
La finalité de mon job c’est de préparer les joueurs pour l’équipe première dans la continuité du travail de mes collègues des groupes U17 et U19. Quand les jeunes intègrent le Groupe Elite, le but n’est pas qu’ils y restent longtemps. C’est un tremplin. Et notre rôle c’est de les préparer sur tous les plans, physiquement, tactiquement, techniquement et mentalement, à jouer des matchs de très haut niveau. Certains progressent très rapidement et obtiennent des opportunités. Quand c’est le cas, nous en sommes forcément très satisfaits. Après, le Groupe Elite peut aussi aider des joueurs de l’équipe première à garder ou retrouver du rythme en venant grappiller du temps de jeu avec nous face à des oppositions de haut niveau. Cela marche dans un sens comme dans l’autre, avec un seul mot d’ordre : être performant.

Il y a la vie de groupe, du côté des joueurs, mais aussi du côté du staff. Et durant l’intersaison celui-ci a connu pas mal d’évolutions avec l’arrivée d’un entraîneur adjoint, Erwan Lannuzel, mais aussi celles d’un nouveau médecin, Renaud Héraud, et d’un nouveau kinésithérapeute, Hugo San-Julian. Dans l’autre sens il y a eu le passage chez les pros de l’analyste et vidéo, Baptiste Malesset. Comment as-tu vécu toutes ces évolutions ?
Il y a eu pas mal de changements en effet. Concernant Baptiste, c’était un élément important du Groupe Elite, pour ses compétences, mais aussi sur l’aspect humain. Quand je parle du Groupe Elite comme d’un tremplin pour les joueurs, cela vaut aussi pour le staff. Comme les joueurs, un membre du staff technique ou médical a de l’ambition et des opportunités. Je suis très heureux pour lui de cette évolution. Concernant l’arrivée d’Erwan, elle était nécessaire car j’avais vraiment besoin d’un technicien pour m’épauler. Il me permet de prendre parfois un peu de recul, d’être plus observateur pour prendre les bonnes décisions. Nous sommes très complémentaires et cela nous permet d’être encore plus efficaces dans le développement des joueurs. Sur le plan technique nous avons maintenant un staff très complet avec l’entraîneur des gardiens, Corentin Plantier, le préparateur physique Alexandre Duvauchelle, sans oublier le diététicien, Thomas Ladrat, qui continuent d’effectuer un travail de très haut niveau. Et puis comme tu l’as souligné, nous avons un nouveau docteur et un nouveau kiné qui se sont super bien adaptés et font aussi un excellent travail. Les jeunes ont beaucoup de chance de pouvoir compter sur des personnes aussi compétentes que dévouées.

Sam a vécu une expérience très difficile, mais il en a fait une force et c’est quelque chose qui va lui servir pour le reste de sa vie, sur et hors du terrain.
Djimi TraoréCoach AS Monaco Groupe Elite

Achevons cet entretien en évoquant Samuel Nibombé qui a vécu une année 2025 très particulière. De son malaise à Rennes fin mai, à son entrée en jeu lors du match Youth League contre Galatasaray début décembre, en passant par son retour à la compétition avec les U19 en novembre, il y a eu de longs mois d’un travail de l’ombre qui lui a permis de reprendre le cours de sa jeune carrière. Peux-tu nous dire un mot sur « Big Sam » ?
Samuel c’est un battant et il s’est battu, il a été très fort pour revenir. On l’a aidé aussi. Quand on a su qu’il pouvait reprendre le football de haut niveau, on a tout fait pour le préparer, le reconstruire. Il faut lui donner du crédit parce qu’il s’est vraiment mis en mode guerrier. Il s’est préparé, il pris son temps pour se reconstruire et là il est prêt pour jouer au très haut niveau. Il était sur cette voie avant ce match de Rennes. Ça été un gros coup de frein mais il s’est accroché et a repris son chemin. Sam a vécu une expérience très difficile, mais il en a fait une force et c’est quelque chose qui va lui servir pour le reste de sa vie, sur et hors du terrain.

Samuel Nibombé (à droite) a rejoint Aladji Bamba, lui aussi passé par le Groupe Elite la saison passée, au sein du groupe professionnel.
Samuel Nibombé (à droite) a rejoint Aladji Bamba, lui aussi passé par le Groupe Elite la saison passée, au sein du groupe professionnel.

Son passage au sein du groupe professionnel ces dernières semaines est une belle récompense…
Cela ne nous surprend pas au regard du niveau de ses performances, il le mérite. Maintenant, le plus dur commence pour lui, c’est ce que je lui ai expliqué. C’est bien d’être avec les pros, mais il faut encore passer un cap pour s’imposer. Après il est encore très jeune, c’est un 2007… Nous lui souhaitons le meilleur et nous restons à ses côtés. Il pourra toujours venir avec nous pour continuer son développement ou prendre du temps de jeu en Youth League ou en PLIC si c’est nécessaire. Nous sommes très fiers de lui. C’était un élément majeur du Groupe Elite depuis la saison dernière, aujourd’hui il est avec les pros, il va acquérir beaucoup d’expérience.

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