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Interview 29 avril 2022, 09:18

Cologne, son intégration, ses tatouages... Entretien inédit avec Ismail Jakobs

Cologne, son intégration, ses tatouages... Entretien inédit avec Ismail Jakobs
Avant de disputer les quatre dernières finales de la saison en Ligue 1 et décrocher pourquoi pas une place sur le podium, le latéral gauche allemand de l'AS Monaco s'est confié en longueur sur son parcours. Entretien.

Il vient de délivrer à Saint-Etienne sa deuxième passe décisive de la saison pour son pote, Myron Boadu ! Parfaitement intégré au sein du groupe de l’AS Monaco, qui reste sur une série de six victoires de rang avant la réception d’Angers ce dimanche (15h), Ismail Jakobs a déjà disputé 35 matchs avec les Rouge et Blanc. Son parcours, son rapport avec sa ville natale, Cologne, ses tatouages… Le latéral gauche allemand a accepté de se raconter en longueur. Entretien inédit pour asmonaco.com.

Bonjour Ismail. Pour commencer, peux-tu revenir sur tes débuts à Cologne, et nous expliquer ce que ce club représente pour toi ?

Je suis né à Cologne, et quand tu grandis là-bas, tu ne peux qu’être un supporter de ce club. Il y a une atmosphère vraiment spéciale dans cette ville et ce stade (le RheinEnergieStadion, ndlr). Et je dois dire que cela a toujours été un rêve de défendre les couleurs de mon club formateur, celui qui m’a vu arriver lorsque j’étais enfant. J’avais 12 ans quand j’ai rejoint les équipes de jeunes, et c’était pour moi un rêve d’imaginer jouer un jour avec les pros.

Comment as-tu vécu ton départ, après avoir passé 10 ans là-bas ?

Évidemment cela n’a pas été simple au début pour moi, car c’était un gros changement. J’ai connu de très belles années avec le FC Cologne, mais les deux dernières saisons étaient compliquées, et je pense que pour passer un cap dans ma carrière, je devais partir. Pour moi ce n’était pas quitter Cologne, mais passer à l’étape suivante et grandir en tant que joueur. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rejoindre l’AS Monaco.

Je pense que n’importe quel joueur de foot doit avoir l’ambition de gagner tous les matchs. Malheureusement parfois tu perds, et quand j’étais enfant, j’avais beaucoup de mal à comprendre et à accepter cela. J’ai beaucoup pleuré effectivement à cette époque, car j’ai toujours détesté perdre (sourire).
Ismail JakobsSur sa haine de la défaite

Pour les personnes qui ne te connaissent pas encore beaucoup, peux-tu nous décrire tes qualités sur le terrain ?

Je suis un latéral gauche offensif, avec une bonne pointe de vitesse et de la vivacité. J’aime me projeter vers l’avant et aider mon équipe à attaquer. Mais je pense effectivement que ma qualité première est d’aller vite. Quand j’étais gamin je n’étais pas aussi rapide, car j’étais encore petit de taille et très frêle, donc je pense que c’est arrivé avec le temps et la croissance.

Plus jeune, tu n’aimais jamais perdre un match d’ailleurs…

Je pense que n’importe quel joueur de foot doit avoir l’ambition de gagner tous les matchs. Malheureusement parfois tu perds, et quand j’étais enfant, j’avais beaucoup de mal à comprendre et à accepter cela. J’ai beaucoup pleuré effectivement à cette époque, car j’ai toujours détesté perdre (sourire). Encore aujourd’hui d’ailleurs, quand il y a une défaite, je la ramène à la maison. Selon moi, le football est de toute façon un sport qui génère de très fortes émotions.

Depuis le jour où nous sommes arrivés en Principauté, nous avons tout fait ensemble avec Myron. Je pense que le fait que nous ayons le même "background" nous a rapprochés. (...) Et puis nous avons la même façon de penser, donc ça a tout de suite "featé" entre nous.
Ismail JakobsSa relation avec Myron Boadu

Pour revenir à ton parcours, tu as gagné l’Euro Espoirs avec l’Allemagne en 2021. Est-ce un des plus beaux souvenirs de ta jeune carrière ?

Bien évidemment, c’est mon premier titre, donc il m’a marqué ! En plus c’était une compétition spéciale, car elle se déroulait en deux phases, à cause du Covid. Il y avait d’abord les poules en mars, et ensuite la deuxième phase à partir des quarts de finale au mois de juin. Nous avions une très belle équipe, mais aucune réelle star comme il pouvait y en avoir en Angleterre par exemple, qui était le favori du tournoi. A l’image de la Mannschaft qui a remporté la Coupe du Monde 2014, nous avions un très bon esprit d’équipe, et ce qui nous a permis de remporter cette compétition je pense. Probablement l’un des meilleurs moments de ma carrière jusque-là !

Benoît Badiashile et Aurélien Tchouameni ont également joué cet Euro (Youssouf Fofana était dans la sélection pour le quart de finale). Les avais-tu déjà croisés, avant de signer ici ?

Malheureusement non, car nous n’avons pas joué contre la France. Nous pensions devoir les affronter en demi-finale, mais ils s’étaient finalement inclinés contre les Pays-Bas, avec un doublé de Myron Boadu je crois (sourire). A ce moment-là, je ne savais pas encore que j’allais m’engager avec l’AS Monaco et les retrouver ici.

Justement Myron est un de tes bons amis dans le vestiaire…

Depuis le jour où nous sommes arrivés en Principauté, nous avons tout fait ensemble. Je pense que le fait que nous ayons le même « background » nous a rapprochés. Nous avons tous les deux quitté notre pays d’origine pour la première fois, nous avons quasiment le même âge (22 ans pour Ismail, 21 pour Myron, ndlr)… Et puis nous avons la même façon de penser, donc ça a tout de suite « featé » entre nous. Ensuite il y a aussi la team des Allemands, avec Kevin Volland et Alexander Nübel. C’est toujours agréable d’avoir des coéquipiers qui parlent la même langue. On se voit souvent en dehors pour profiter de moments ensemble, hors foot. La langue joue beaucoup dans ces cas-là, pour te rapprocher des gens qui te comprennent.

J’ai toujours été un fan de David Alaba ! Il était arrière gauche avant au Bayern Munich, comme moi, avant de reculer en défense centrale au Real Madrid. Mais c’est aussi ça que j’aime chez lui. Peu importe dans quelle position il évolue, il est toujours performant.
Ismail JakobsSon exemple à son poste

Tu es Allemand d’origine sénégalaise du côté de ton père. Que représente ce pays pour toi ?

C’est une partie de moi. J’ai eu l’occasion d’y aller à plusieurs reprises pour rendre visite à ma famille. Malheureusement je ne parle pas très bien français pour le moment, mais j’essaye d’apprendre (sourire). Le Sénégal fait partie de moi, de mon histoire, et je suis fier de ça.

Pour revenir au football, quels sont tes exemples à ton poste actuellement ?

J’ai toujours été un fan de David Alaba ! Il était arrière gauche avant au Bayern Munich, comme moi, avant de reculer en défense centrale au Real Madrid. Mais c’est aussi ça que j’aime chez lui. Peu importe dans quelle position il évolue, il est toujours performant. Il a en plus une très bonne mentalité, donc c’est vraiment l’un de mes modèles. Je le regarde beaucoup jouer. J’aime aussi beaucoup le style de Leroy Sané, évidemment à un autre poste que le mien.

Tu as déjà disputé 35 matchs avec l’AS Monaco. Quel est ton premier bilan depuis ton arrivée ici ?

Je pense qu’à ce stade de la saison, nous avons passé un vrai cap collectivement par rapport au début d’exercice qui était plus difficile. Nous sommes davantage une équipe, et il y a une meilleure connexion je dirais sur et en dehors du terrain. Je suis content d’évoluer dans ce groupe, et j’espère pouvoir montrer encore mes qualités dans ce sprint final.

On a récemment parlé de l’importance du team building. Était-ce important pour toi de passer ce temps ensemble en dehors du terrain ?

Oui je pense qu’il est très important de partager des choses également hors foot, pour resserrer les liens dans le groupe. Mais aussi avec le staff et toutes les personnes qui travaillent à nos côtés au quotidien. C’est primordial que soyons unis tous ensemble ! Et comme on l’a vu, cela s’est traduit dans les résultats, puisque nous avons tout gagné depuis. Pour atteindre nos objectifs de fin de saison, c’est très important d’aller tous ensemble dans la même direction, avec tout le Club. Cela va nous aider.

La plupart de mes tatouages ont un rapport avec ma famille ou avec ma religion, car je suis très croyant. J’ai le nom de mes parents, un tatoo en commun avec mon frère…
Ismail JakobsA propos de ses tatouages

Tu as déjà délivré deux passes décisives cette saison. Est-ce une statistique que tu aimerais grossir ?

Bien évidemment j’ai toujours l’ambition d’apporter offensivement, de créer des situations, et de faire des passes décisives. Même peut-être un but ! Et je pense que je peux progresser à ce niveau-là, c’est certain. Mon premier but avec l’AS Monaco ? J’aimerais bien qu’il arrive d’ici la fin de saison (rires). En tout cas j’ai déjà ma célébration en tête. Mais je ne vais pas la dévoiler, « stay tuned » !

Te sens-tu maintenant pleinement intégré dans la famille AS Monaco ?

Honnêtement, même au début de la saison, je me suis toujours senti à l’aise dans l’équipe. Mais forcément maintenant, on ressent plus cet esprit de groupe avec le temps.

Que peut-on te souhaiter pour le futur avec le Club ?

Personnellement, le plus important pour moi est d’abord de rester à l’abri des blessures. J’espère jouer le plus possible, marquer mes premiers buts et en faire marquer aussi de plus en plus. En somme, connaître le succès avec cette équipe dans laquelle je me sens très bien.

 

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Pour finir, peux-tu nous parler de tes nombreux tatouages, que représentent-ils ?

C’est aussi une partie de moi. La plupart de mes tatouages ont un rapport avec ma famille ou avec ma religion, car je suis très croyant. J’ai le nom de mes parents, un tatoo en commun avec mon frère… (Il montre) J’ai même tatoué « Family » juste sur mon torse, et j’ai le Christ juste en dessous (sourire). Je les aime tous, mais je pense que les plus importants à mes yeux sont les prénoms de mes parents. Le prochain ? (Il sourit) Je n’ai pas encore prévu d’en faire un autre, en tout cas il ne faut pas que mon père le sache.

Retrouve les meilleurs moments de l’interview en vidéo ici :

Rise. Risk. Repeat.