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Interview 16 septembre 2022, 18:28

Djimi Traoré : "J’ai découvert un club avec une grande histoire et une forte identité"

Djimi Traoré : "J’ai découvert un club avec une grande histoire et une forte identité"
Joueur de l’AS Monaco entre 2009 et 2011, le Malien a retrouvé la Principauté le temps d’un match avec son équipe du FC Nordsjælland, dont il dirige l’International Academy, face au Groupe Elite. L’occasion de revenir sur ses souvenirs monégasques et de découvrir l’ambition qui anime le jeune coach.

Il est une « Liverpool Legend », et continue d’ailleurs de chausser les crampons avec plusieurs gloires du club liverpuldien, lui qui a remporté en 2005 l’une des finales de Ligue des Champions les plus folles de l’histoire. C’était quelques années avant de porter le maillot de l’AS Monaco et de former un côté gauche fameux, en compagnie du Brésilien Nenê.

Une remise de maillot par Paul Mitchell

En marge du match face au Groupe Elite de Damien Perrinelle, Djimi Traoré s’est longuement confié et est revenu sur une carrière qui l’aura mené de la Seine-Saint-Denis, où il est né, à Seattle, aux Etats-Unis, en passant donc par Monaco. Où le Malien en a profité pour emmener son équipe du FC Nordsjælland au Stade Louis-II, son ancien jardin, pour la rencontre européenne la veille. Une évidence pour ce passionné, qui n’a pas oublié le temps passé en Principauté et dont le passage a été salué par le Directeur Sportif Paul Mitchell.

Bonjour Djimi. Tout d’abord, qu’est-ce que représente le fait de revenir à Monaco, onze ans après votre départ ?

Maintenant que j’ai raccroché les crampons, j’aime revenir dans les clubs au sein desquels j’ai évolués. Retrouver l’AS Monaco, c’est repartir plus de dix ans en arrière. C’est aussi un moyen pour moi de me rendre compte du chemin parcouru. Ça fait du bien, et les souvenirs remontent à la surface ! Pour moi, c’est un vrai clin d’œil de retrouver le centre d’entraînement.

J’ai particulièrement apprécié de jouer au Stade Louis-II. Les gens pensent qu’à l’AS Monaco il n’y a pas de pression, mais c’est faux. Les supporters sont exigeants. Et les derbys contre Nice ou les matches contre Marseille, c’est chaud !
Djimi TraoréAncien défenseur de l'AS Monaco

Quel souvenir gardez-vous du Club ?

Le souvenir d’un club familial, simple à intégrer, où la relation humaine était importante, notamment avec les salariés. En 2009, quand je signe, je sors de dix années passées en Angleterre. Je retrouve Guy Lacombe, que j’avais connu à Rennes. Je ne suis resté que deux ans, mais j’ai aimé mon passage en Principauté. J’y ai découvert un club avec une grande histoire et une forte identité. J’ai particulièrement apprécié de jouer au Stade Louis-II. Les gens pensent qu’à l’AS Monaco il n’y a pas de pression, mais c’est faux. Les supporters sont exigeants. Et les derbys contre Nice ou les matches contre Marseille, c’est chaud !

Vous évoluiez alors avec un certain Nenê…

On formait un super côté gauche. Il était tellement fort techniquement ! Jouer derrière lui était finalement très simple. Il traversait une phase de sa carrière où il était au-dessus du lot, en pleine confiance. Parfois, il suffisait de lui donner la balle et d’attendre qu’il trouve la solution. Malgré ses facilités, il avait un fort caractère et refusait la défaite. Quand je l’avais devant moi sur le terrain, j’étais prêt à me sacrifier. Car je savais qu’il ferait la différence.

Liverpool est un club à part, un peu comme cette finale. A la mi-temps, on est menés 3-0, le Milan nous est tout simplement supérieur. Quand on ressort des vestiaires, on veut juste ne pas perdre la deuxième mi-temps.
Djimi TraoréSur la finale de la Ligue des Champions 2005

Fait-il partie des joueurs les plus forts avec lesquels vous avez évolué ?

Il est dans le top 10. Mais la première place est réservée à Steven Gerrard. Quand je suis arrivé à Liverpool, en 1999, on était les deux plus jeunes de l’effectif. Je l’ai vu successivement devenir titulaire, capitaine puis légende. En plus d’être bon sur le terrain, il l’était aussi en-dehors. Il a été un coéquipier exceptionnel avec moi. J’aurais beau chercher longtemps, je serais incapable de vous dire quelque chose de négatif sur lui. Je suis fier d’avoir joué à ses côtés.

On vous sent marqué par votre passage à Liverpool. La Ligue des Champions, remportée en 2005 à Istanbul face au Milan AC, n’y est sans doute pas étrangère…

Liverpool est un club à part, un peu comme cette finale. A la mi-temps, on est menés 3-0, le Milan nous est tout simplement supérieur. Quand on ressort des vestiaires, on veut juste ne pas perdre la deuxième mi-temps. Porter le maillot de Liverpool, c’est une responsabilité. On se devait de faire quelque chose.

Et finalement, vous revenez à 3-3, remportez la finale aux tirs au buts et devenez le premier Malien à remporter la Ligue des Champions.

L’honneur et l’égo ont parlé ! Et il le fallait, car ce Milan-là était très fort. Je me sers régulièrement du scénario de ce match en tant que coach. Ce match prouve que rien n’est jamais perdu. Il faut toujours tenter de trouver une solution, rester calme, et tout donner. Rafael Benitez avait su trouver les mots. Et ensuite la magie a opéré.

Quand avez-vous su que vous vouliez devenir coach ?

Mon expérience au Seattle Sounders*, aux Etats-Unis, a été une sorte de déclic. Mes coéquipiers me disaient que j’agissais comme un entraîneur dans le vestiaire. Je les ai finalement pris au mot (rires) ! Les Américains ont une autre approche du sport. Le fait d’évoluer dans des ligues fermées, donc sans risque de descendre, donne d’autres clé aux joueurs et aux coaches. Les playoffs, avec des matches couperets, permettent aux meilleures équipes de la saison de se jauger entre-elles. La taille du territoire vous oblige également à gérer les longs voyages, l’alimentation et la récupération des joueurs. Pour un jeune coach, c’est une vraie bonne école.

Quel est votre rôle au sein du FC Nordsjælland ?

Je suis Head Coach de l’International Academy du Club. L’équipe première, que je dirige, est une sélection des meilleurs jeunes du FC Nordsjælland, complétée par des joueurs en provenance de nos académies en Egypte et au Ghana. On travaille au quotidien afin de faire grandir les joueurs du club et d’accompagner ceux qui découvrent l’Europe. Il existe un lien fort entre les pôles. De 15 à 18 ans, on veut que les équipes jouent selon les mêmes principes. Et, dès que possible, on vient se jauger contre les meilleures académies européennes, comme l’AS Monaco et l’Ajax Amsterdam, qu’on va défier dans la foulée de notre passage ici.

Qu’appréciez-vous particulièrement dans votre métier ?

Notre organisation fait que j’entraîne, accompagne et soutient les joueurs. Je peux être à la fois leur coach, leur confident et leur grand frère. Il y a donc une relation basée sur le sportif mais aussi sur l’humain. Ça me plait et ça correspond aussi à mon parcours, qui m’a amené à découvrir plein d’endroits et de culture différente.

Je dirais notre parcours jusqu’en finale de Coupe de France en 2010. Même si nous l’avions perdue, nous avions éliminé l’OL, Bordeaux et Lens. Et, pour moi, jouer ce match au Stade de France, à quelques kilomètres de chez moi, c’était très fort émotionnellement.
Djimi TraoréSon meilleur souvenir avec l'AS Monaco

Justement, ce parcours, l’auriez-vous imaginé aussi riche quand vous avez débuté ?

Jamais de la vie ! Et j’en suis super fier. Pour un gamin de Saint-Ouen, porter les maillots de clubs comme l’AS Monaco ou le Liverpool FC, c’est énorme. C’est mon histoire, et je suis heureux de la poursuivre en tant que coach.

Terminons par un retour sur votre passage en Principauté. Si vous deviez ne sortir qu’un seul moment ?

Je dirais notre parcours jusqu’en finale de Coupe de France en 2010. Même si nous l’avions perdue, nous avions éliminé l’OL, Bordeaux et Lens. Et, pour moi, jouer ce match au Stade de France, à quelques kilomètres de chez moi, c’était très fort émotionnellement. Le Club et les salariés méritaient ce trophée. Mais, comme je le répète souvent à mes joueurs, on apprend beaucoup dans la défaite car elles font partie d’un parcours.

* Où Djimi Traoré a évolué entre 2013 et 2014 avant de devenir entraîneur de l’équipe réserve puis entraîneur adjoint de l’équipe professionnelle.

Rise. Risk. Repeat.