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Interview 05 août 2023, 10:38

Son intégration, le stage, son style… Entretien inédit avec Philipp Köhn

Son intégration, le stage, son style… Entretien inédit avec Philipp Köhn
Première recrue estivale de l’AS Monaco, le portier international suisse a pu découvrir un peu plus ses nouveaux coéquipiers lors du stage de préparation en Angleterre. Rencontre avec le partenaire de Breel Embolo en sélection, décisif ce mercredi contre Arsenal.

A peine arrivé au Club, il faisait déjà ses valises pour partir en stage avec le groupe. Et dès le premier soir à St-George’s Park, il se pliait au traditionnel bizutage en entonnant un air de chanson devant le staff et ses coéquipiers. Désormais bien intégré à l’effectif rouge et blanc et décisif ce mercredi face à Arsenal dans le cadre de l’Emirates Cup, Philipp Köhn avait pris le temps de se confier juste avant sa première apparition en match amical face à Leeds. Interview. 🎙

Bonjour Philipp. Pour commencer, quelles sont tes impressions depuis ton arrivée à Monaco ?

Je me sens très bien, j’ai été bien accueilli par tout le monde. J’ai même dû chanter hier soir (au premier jour du stage à Birmingham, ndlr), c’était assez inattendu. J’ai choisi « Sweet Caroline », mais le début était un peu long, et quand j’ai commencé le refrain, tout le monde s’est mis à applaudir, donc je n’ai pas pu terminer. J’ai loupé la meilleure partie (sourire) ! Plus sérieusement, je me sens bien dans l’équipe, et je dois dire que démarrer par un stage de préparation est plus facile pour s’intégrer, en apprendre davantage sur ses partenaires et sur le staff.

Quand je suis arrivé à Leipzig au début de ma carrière, le club disputait sa première campagne de Ligue des Champions. Dans le groupe il y avait Monaco, Besiktas et Porto. J’avais rencontré Diego Benaglio, avec qui je suis resté en contact et qui m’a dit beaucoup de bien sur le Club.
Philipp KöhnA propos de sa rencontre avec Diego Benaglio

Justement avec le recul, le stage a-t-il facilité ton processus d’intégration au groupe ?

Oui c’est beaucoup plus simple je pense, car nous sommes ensemble 24h sur 24h, donc ça aide à mieux se connaître en tant que personnes. Nous avons aussi des activités de team building pour rapprocher les uns et les autres. C’est évident que ça accélère les choses, même si j’ai aussi apprécié mes premiers jours à Monaco au Centre de Performance. On a aussi eu l’occasion de visiter un peu la ville avec ma compagne, c’était vraiment cool et je suis impatient d’être de retour pour en découvrir davantage sur la Principauté.

Que savais-tu à propos de Monaco avant de signer au club ?

Évidemment je suis un grand fan de Formule 1, donc je pense tout de suite au Grand Prix. Concernant le Club, à chaque fois que je regardais des matchs européens, j’ai souvent entendu parler de l’AS Monaco. Quand je suis arrivé à Leipzig au début de ma carrière, le club disputait sa première campagne de Ligue des Champions. Dans le groupe il y avait Monaco, Besiktas et Porto. J’avais rencontré Diego Benaglio, avec qui je suis resté en contact et qui m’a dit beaucoup de bien sur le Club. Et il m’a dit de ne pas hésiter à le solliciter. C’est toujours bien d’avoir de bons retours en dehors, c’est rassurant.

Comme tu l’as déjà dit, tu connaissais Mohamed, Takumi et Breel via la sélection. Est-ce que cela a facilité encore davantage ton arrivée au sein du groupe ?

Je pense que c’est plus confortable effectivement, même avec le coach que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer à Salzbourg. Nous avons pu échanger par téléphone et c’est forcément plus simple pour moi, étant donné qu’il parle ma langue natale. C’est toujours difficile de débarquer dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue, même si je connais déjà quelques mots en Français pour communiquer sur le terrain.

Une grande fierté ! C’était complètement fou car je n’y étais pas destiné, mais on a commencé une très belle campagne de Ligue des Champions avec Salzbourg, avec qui le début de saison était très bon. (...) Malheureusement nous avons été éliminés contre le Portugal en 8e de finale. Mais avec le recul, c’était une super expérience.
Philipp KöhnA propos du Mondial 2022

J’essaye d’apprendre, même si le staff communique aussi beaucoup en Anglais. En tout cas, c’est cool de connaître déjà certains joueurs qui viennent d’horizons différents. Même Kevin qui est un très bon gars, et avec qui je partage une nouvelle passion pour le Golf. C’est marrant car j’ai commencé il y a deux mois en prenant ma licence.

Tu as rencontré Breel en sélection donc. Quel a été ton sentiment au moment de représenter la Suisse à la Coupe du Monde ?

Une grande fierté ! C’était complètement fou car je n’y étais pas destiné, mais on a commencé une très belle campagne de Ligue des Champions avec Salzbourg, avec qui le début de saison était très bon. Par chance pour moi, malchance pour eux, j’ai profité des blessures de plusieurs gardiens, comme Yann Sommer ou encore Yann Mvogo qui évolue en Ligue 1 (à Lorient, ndlr), pour avoir ma place dans le groupe. Malheureusement nous avons été éliminés contre le Portugal en 8e de finale. Mais avec le recul, c’était une super expérience.

Crédits photo : Icon Sport

On imagine que tu étais très fier de défendre ces couleurs !

Oui car la Suisse est le pays de naissance de ma maman. Et même si je suis né en Allemagne et que j’ai joué en jeunes là-bas, j’ai décidé de porter le maillot de la Nati dès la catégorie U19. C’est une grande joie pour moi, et j’aime être aux côtés de joueurs aussi sympas que Breel. En tout cas j’espère que j’aurai l’occasion d’y retourner régulièrement dans les mois à venir. Ça a du sens pour moi de défendre les couleurs de ce pays où j’ai vécu. Et j’aimerais vivre une autre Coupe du Monde avec.

Évidemment je n’ai pas gagné des rencontres tout seul, mais j’ai mis ma pierre à l’édifice durant toute la saison. Donc à la fin être élu meilleur gardien du championnat, c’était une belle récompense, même si défendre reste un travail collectif. Je pense que j’ai vraiment progressé, notamment avec les matchs européens.
Philipp Köhn Sur l'expérience acquise à Salzbourg
Crédits photo : Icon Sport

Tu as été élu meilleur gardien du championnat d’Autriche l’an dernier. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Ma première année à Salzbourg n’a pas été facile, car je revenais de prêt et je n’étais pas prévu pour être numéro un. J’ai donc commencé en position de remplaçant, et après c’est allé vite. J’ai ensuite vécu ma première campagne de Ligue des Champions, qui était bonne, mais je voulais encore progresser. Et le début de saison dernière n’a pas non plus été facile, puisque j’étais blessé et je n’étais pas au top de ma condition physique.

Mais j’ai beaucoup travaillé pour revenir match après match en ne brûlant pas les étapes. Évidemment je n’ai pas gagné des rencontres tout seul, mais j’ai mis ma pierre à l’édifice durant toute la saison. Donc à la fin être élu meilleur gardien du championnat, c’était une belle récompense, même si défendre reste un travail collectif. Je pense que j’ai vraiment progressé, notamment avec les matchs européens.

Justement tu as déjà une vingtaine de rencontres européennes à ton compteur. C’est important pour toi de faire profiter de cette expérience aux jeunes du groupe ?

Je sais à quel point c’est dur car à Salzbourg aussi l’équipe est très jeune mais progresse vite en jouant ce genre de matchs en Ligue des Champions notamment. Parfois c’était facile pour moi, et parfois je me disais que le niveau était quand même incroyable dans cette compétition. On sentait une certaine différence avec le championnat. Mes premiers matchs étaient bons, mais il était difficile d’atteindre un niveau de confiance élevé.

C’est pour ça que je suis là ! En plus j’ai vraiment un bon feeling avec Frédéric De Boever, le coach des gardiens, et tout le staff. Il m’a dit : "Je ne vais pas t’apprendre comment capter un ballon, tu sais déjà le faire. En revanche je vais t’aider à travailler ton cardio, ta concentration…".
Philipp KöhnSur ses axes à travailler

En tout cas j’adore jouer ces rencontres où la pression est importante ! J’aime évoluer sous pression, et j’espère qu’avec ce bon groupe que nous avons, nous pourrons rapidement retrouver l’Europe la saison prochaine. C’est notre objectif principal, comme l’a dit le coach. Mais nous avons de bons gars, tous focus sur la préparation, donc je ne me fais pas de souci.

Retrouver l’Europe, c’est un de tes premiers objectifs avec l’AS Monaco ?

Évidemment ! Mais ça commence déjà par le championnat, et la Ligue 1 va me permettre de passer un cap dans ma carrière. C’est pour ça que je suis là ! En plus j’ai vraiment un bon feeling avec Frédéric De Boever, le coach des gardiens, et tout le staff. Il m’a dit : « Je ne vais pas t’apprendre comment capter un ballon, tu sais déjà le faire. En revanche je vais t’aider à travailler ton cardio, ta concentration… ».

Ce sont des choses qui sont importantes dans des matchs difficiles pour faire la différence à la 80e minute quand il y a un but partout et que tu dois montrer que tu es là. Je dois pouvoir permettre à l’équipe de gagner des matchs, c’est ma façon de voir mon rôle. Et encore une fois, notre but à tous à la fin est de retrouver la fièvre des soirées européennes.

Que savais-tu de la Ligue 1 avant de venir à l’AS Monaco ?

Je connaissais déjà Yvon Mvogo justement, qui joue à Lorient, et Jonas Omlin qui a évolué à Montpellier récemment. Et puis à Salzbourg j’ai connu des joueurs qui venaient de la Ligue 1, comme Lucas Gourna-Douath de Saint-Etienne et Oumar Soulet de Lyon. Aujourd’hui c’est moi qui fait le chemin inverse et je suis vraiment excité d’être ici et de franchir ce cap en rejoignant ce championnat. J’ai hâte de commencer cette aventure.

Je dirais qu’aujourd’hui tu ne dois pas être qu’un simple gardien dans le football. Tu dois aussi savoir jouer avec les deux pieds, lire le jeu et bien évidemment arrêter des tirs, le plus important ! Je pense être assez complet dans tous ces compartiments du jeu, même j’ai encore des choses à apprendre.
Philipp KöhnGardien de but de l'AS Monaco

Pour revenir à l’Europe, tu as fait un grand match contre Chelsea la saison dernière, avec pas moins de neuf arrêts. Parle-nous de ta performance…

C’était incroyable, même si à la fin nous avons perdu le match (2-1), donc le sentiment était très mitigé. En tout cas j’adore jouer ces matchs à enjeu, sous pression, avec des adversaires de très haut niveau. J’ai eu d’autres bons matchs, comme celui contre l’AS Roma à domicile, où on gagne 1-0 grâce à un but marqué à la 88e minute et où je réalise deux arrêts importants. Donc à la fin c’est un meilleur souvenir, car je n’ai pas concédé de but et nous avons gagné. Même si Chelsea reste un très bon match, surtout au niveau statistique (sourire).

Mohamed que tu connais bien, avait également fait un très gros match contre le Bayern Munich en Ligue des Champions. T’en rappelles-tu ?

Mo’ est vraiment un garçon très sympa. Je me souviens effectivement qu’il avait été élu meilleur joueur du match ce jour-là. Il avait réalisé une très grosse performance en donnant de très bonnes passes, qui auraient même pu se transformer en assists. C’est quelqu’un qui est devenu un leader naturel. Pourtant j’avais déjà joué avec lui en équipe réserve à Salzbourg et au début c’était difficile pour lui, comme pour Sekou Koïta, également originaire du Mali.

En tout cas, j’avais vu son premier match avec l’AS Monaco contre le Paris Saint-Germain, et il avait été top. Je le répète, c’est un leader et je pense qu’il sait trouver l’équilibre entre les moments où il faut être focus et ceux où on peut rigoler. On peut vraiment lui faire confiance lorsqu’il a le ballon. Il trouve toujours une solution.

Pour revenir un peu à toi, comment définirais-tu ton style ?

Je dirais qu’aujourd’hui tu ne dois pas être qu’un simple gardien dans le football. Tu dois aussi savoir jouer avec les deux pieds, lire le jeu et bien évidemment arrêter des tirs, le plus important ! Je pense être assez complet dans tous ces compartiments du jeu, même j’ai encore des choses à apprendre. Mais je suis à un bon niveau et j’espère que je pourrai encore progresser cette saison, comme je l’ai prouvé l’an dernier.

J’ai toujours voulu être footballeur. Mais quand j’ai commencé à jouer, je n’étais pas dans les buts, je jouais au milieu de terrain. Et au bout de six mois, il manquait un gardien donc je me suis proposé. Je devais avoir cinq ou six ans et c’était plutôt fun, même si j’ai dû arrêter quelques ballons avec la tête (sourire). Depuis je n’ai pas quitté le poste.
Philipp KöhnSur son rêve d'enfant

Il est certain que je me rapproche du style allemand, dans la manière de jouer les face-à-face. J’ai pu le constater à l’entraînement en voyant les différences entre nous dans la façon de gérer cette situation. Personnellement j’essaye de rester le plus longtemps possible sur mes appuis. Mais à la fin, le plus important n’est pas la technique employée, mais bien d’arrêter le ballon !

Quelles sont tes sources d’inspiration à ton poste ?

Il n’y a pas un gardien en particulier qui m’inspire plus que d’autres, j’ai vraiment plusieurs exemples en tête. J’aime prendre de chacun, même si le style de Manuel Neuer me parle, sa manière de lire le jeu. Il est vraiment très bon, mais j’apprécie aussi beaucoup Hugo Lloris dans l’utilisation de son corps, car il me ressemble un peu au niveau de la morphologie. Il est très rapide et a de supers réflexes. Mais encore une fois je m’inspire de tous et essaye d’avoir mon propre style à moi.

Rêvais-tu déjà de devenir pro’ un jour quand tu étais enfant ?

J’ai toujours voulu être footballeur. Mais quand j’ai commencé à jouer, je n’étais pas dans les buts, je jouais au milieu de terrain. Et au bout de six mois, il manquait un gardien donc je me suis proposé. Je devais avoir cinq ou six ans et c’était plutôt fun, même si j’ai dû arrêter quelques ballons avec la tête (sourire). Depuis je n’ai pas quitté le poste. Mais j’aime jouer au foot, même dans le champ.

Un dernier mot pour les fans de l’AS Monaco ?

Je suis vraiment très content d’être ici et très excité de découvrir davantage la ville et d’aller à la rencontre des supporters. J’espère les voir très rapidement au Stade Louis-II. Et comme je l’ai appris très vite, car c’est très important : DAGHE MUNEGU !! 🇲🇨

Rise. Risk. Repeat.