Fermer
Interview 08 novembre 2022, 19:39

Son intégration, les duels, ses inspirations… Entretien inédit avec Breel Embolo !

Son intégration, les duels, ses inspirations… Entretien inédit avec Breel Embolo !
Quelques jours avant le dernier rendez-vous de gala contre l’OM avant la trêve internationale (dimanche, 20h45), l’attaquant suisse de l’AS Monaco s’est confié en longueur sur son actualité et son parcours. Rencontre.

Il a inscrit dimanche à Toulouse son 7e but de la saison en Ligue 1. Désormais impliqué dans sept réalisations (5 buts, 2 passes) sur ses dernières sorties en championnat avec l’AS Monaco, Breel Embolo a connu une intégration express au sein du groupe de Philippe Clement. Un match parfait, qui s’explique, entre autres, par son tempérament d’homme « simple », comme il aime à le rappeler, mais surtout profondément emphatique. Entretien inédit avec le numéro 36 des Rouge et Blanc.

Bonjour Breel. Pour commencer, comment te sens-tu ces dernières semaines ?

Je me sens bien. Nous avons eu un petit passage de deux-trois matchs difficiles mi-octobre. Mais avant cela nous sortions d’une bonne phase, avec davantage d’automatismes. Et dernièrement nous nous sommes bien retrouvés, avec de nouveau une série de victoires. Cet enchaînement de sept matchs en trois semaines était intéressant pour nous, afin de retrouver confiance et d’aller chercher des résultats. A nous de bien finir avant la trêve internationale.

C’est un groupe très jeune, qui est très ouvert, et qui m’a donné la chance de m’exprimer sur et en dehors du terrain. Cette intégration rapide n’est donc pas due qu’à moi, mais aussi à la qualité de ce groupe.
Breel EmboloSur son intégration

Tu es impliqué sur sept buts sur les sept derniers matchs de l’AS Monaco en Ligue 1. Y a-t-il eu un déclic dans le Derby face à Nice pour toi ?

Je me suis senti très vite intégré par le groupe, et j’essaye en retour de rendre cette confiance à l’équipe et au staff en donnant le meilleur de moi-même sur le terrain. Le match de Nice a été important pour tout le monde je pense. Même si nous démarrons évidemment chaque rencontre pour la gagner, c’est le plus important. En tant qu’attaquant, quand tu peux gagner en marquant ou en faisant une passe décisive, c’est toujours mieux.

Mais le plus important reste le résultat. Au début de saison c’était plus difficile, c’est vrai, avec des circonstances qui n’étaient pas simples à gérer (3 cartons rouges dans les 5 premières journées, ndlr). Mais ça nous sourit un peu plus ces derniers temps, alors à nous de travailler dur pour continuer à gagner.

Tu le disais, ton intégration s’est faite très vite. Comment l’expliques-tu ?

Je suis quelqu’un de très simple avant tout. Je suis venu là pour jouer au foot, et j’ai trouvé beaucoup de coéquipiers avec les mêmes centres d’intérêt. C’est un groupe très jeune, qui est très ouvert, et qui m’a donné la chance de m’exprimer sur et en dehors du terrain. Cette intégration rapide n’est donc pas due qu’à moi, mais aussi à la qualité de ce groupe.

Comme je n’ai pas pris part aux matchs de préparation, c’était à moi d’apprendre et d’observer tous les jours. Ça se passe vraiment très bien aujourd’hui, mais que ce soit personnellement ou collectivement, il y a encore plus à aller chercher, j’en suis certain. En tout cas j’ai des valeurs très simples dans la vie, dont le respect, et j’ai trouvé ça dans cette équipe. Donc c’est bien de faire partie de ce projet.

Vous avez montré une belle complémentarité en attaque avec Wissam, et plus récemment avec Kevin. Pourquoi cela marche-t-il aussi vite ?

Avec Wissam, comme avec tous mes autres coéquipiers, on se comprend bien. En tout cas c’est vraiment simple de jouer aux côtés de Wissam, car c’est un très grand attaquant, facile à comprendre. Un grand finisseur mais aussi quelqu’un qui rend le but plus simple par ses passes. C’est un exemple pour moi et j’apprends beaucoup de lui, comme de la part de Kevin et Myron. Nous avons beaucoup joué ensemble dernièrement, donc c’est vrai qu’on se complète de plus en plus.

Le fait que le groupe ait autant de joueurs de qualité, avec beaucoup de concurrence, notamment dans notre secteur, cela rend tout le monde meilleur. J’étais le premier à être heureux quand Myron a « fermé » le match à Montpellier (succès 2-0). On essaye tous de faire notre job pour que l’équipe n’ait pas à souffrir.

Tu as un rôle spécifique dans cette équipe, souvent dos au but et au duel. Pourquoi aimes-tu autant cela ?

Quand j’ai commencé le foot, je jouais plutôt 8-10, voir deuxième attaquant. Cela fait partie de l’évolution de notre sport ces dernières années, et chacun doit essayer d’apporter ses points forts pour aider le groupe. Le mien c’est effectivement d’être présent dans les duels. Mais ensuite cela se passe bien car j’ai beaucoup de joueurs de qualité autour de moi, que ce soit au milieu ou sur les ailes. J’aime bien le ballon et les duels, et même s’il fallait que j’en dispute 150 dans le match, je le ferais. Cela fait partie de notre plan de jeu, et c’est toujours bien de pouvoir apporter quelque chose d’autre dans un groupe.

Si l’on remonte un peu le temps, tu as très vite été sur le devant de la scène, dès 17 ans. As-tu éprouvé des difficultés parfois à assumer ce statut de joueur prometteur ?

Non, jamais ! Je ne me suis jamais vu comme un « talent » du foot. Pour moi c’est juste un rêve qui s’est réalisé. Quand j’étais petit je voulais absolument devenir pro, et quand c’est finalement arrivé, j’étais en « kiff » total de rentrer dans ce monde. Tout va tellement vite, que parfois on ne se rend pas compte de ce qu’on a réalisé, on ne remercie pas assez les gens autour de nous. Après je suis quelqu’un de très travailleur, qui sait qu’il peut faire encore mieux. Je ne suis pas trop à regarder derrière, car j’aime plutôt me projeter dans l’avenir. J’essaye d’apprendre et de progresser tous les jours, encore maintenant, car je trouve ça dommage de se mettre des limites.

À l’époque de Bâle, je dirais que Samuel Eto’o m’a beaucoup inspiré, d’autant que je suis originaire du Cameroun. Ensuite je pense à Yaya Touré, Alexandre Song. Didier Drogba aussi ! Des joueurs qui ont marqué les esprits à leur poste.
Breel EmboloSur ses inspirations

Encore à ce jour, tu es le 6e plus jeune buteur de la Ligue des Champions au 21e siècle. Est-ce une fierté pour toi ?

Je n’y pense pas honnêtement. C’est sûr que ce sera beau quand j’y repenserai à la fin de ma carrière. Mais en tant qu’actif, je retiens surtout que c’est mon premier but dans cette compétition prestigieuse, à l’occasion de cette victoire 4-0 avec le FC Bâle. La joie qu’il m’a procuré, et la fierté aussi de ma famille à ce moment-là.

Justement quand tu étais plus jeune, quelles étaient tes inspirations ?

Yann (il regarde Yann Lienard en souriant) ! Je dis ça en rigolant, mais en plus quand j’étais petit je jouais dans les buts, car j’étais timide. Mais plus sérieusement, à l’époque de Bâle, je dirais que Samuel Eto’o m’a beaucoup inspiré, d’autant que je suis originaire du Cameroun. Ensuite je pense à Yaya Touré, Alexandre Song. Didier Drogba aussi !

Des joueurs qui ont marqué les esprits à leur poste. Aujourd’hui, tous les joueurs ont des qualités exceptionnelles autour de moi, et j’essaye de prendre de chacun. Ce ne sont plus vraiment des idoles, mais des sources pour progresser dans mon jeu. J’essaye de piquer des petites choses au quotidien, pour continuer à m’améliorer.

Pour parler de gestes justement, tu avais une spécialité à Mönchengladbach, la retournée acrobatique ! C’est quelque chose que tu affectionnes particulièrement ?

Je l’ai tenté une ou deux fois cette saison, et d’ailleurs Youssouf m’a chambré après (sourire). C’est un geste que je réalisais beaucoup chez les jeunes, quelque chose d’instinctif. Quand je le sens, je le fais. Dans les 16 mètres il faut toujours essayer, car ça va très vite. J’ai réussi à marquer deux ou trois fois comme ça à Gladbach’ et c’est vrai que si je pouvais y arriver ici à Monaco, ce serait top… surtout pour que M. Fofana soit content (il sourit) !

Tu as toujours une grande fierté à défendre les couleurs de la Suisse en sélection. On imagine que ce serait un rêve pour toi de disputer le Mondial pour la deuxième fois…

Quand tu es jeune, la première chose à laquelle tu penses, c’est jouer la Coupe du Monde ! Tu veux aussi gagner un jour la Ligue des Champions. C’était un rêve d’enfant et en 2018 pour ma première, j’ai vu à quel point c’était incroyable d’y participer. Pouvoir en jouer une deuxième, ce serait fou, mais j’essaye de ne pas trop y penser, car je suis focalisé sur l’AS Monaco jusqu’au dernier match contre l’OM.

Nous ne sommes pas encore où nous voudrions être, donc je veux me concentrer sur mon club, et si je fais bien mon boulot, cela facilitera les choses en sélection. C’est toujours un plaisir et une fierté de représenter son pays. Porter ce maillot, depuis les premiers rassemblements en jeunes, c’est un rêve et c’est aussi une fierté pour toute la famille.

C’est d’autant plus spécial pour toi, que l’actuel sélectionneur, Murat Yakin, t’avait lancé en pro à Bâle…

Exactement, c’est le premier coach qui m’a fait confiance en pro, donc on a une relation très spéciale ensemble. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup, que j’aime énormément et qui m’a beaucoup apporté dans ma vie d’homme et de footballeur. Même après mon passage à Bâle. Donc c’est un plaisir de rejouer sous ses ordres. A nous maintenant d’aller chercher le meilleur résultat possible à la Coupe du Monde, une fois que j’aurai bien fini le travail avec le Club.

J’espère d’abord que le maximum de joueurs de l’AS Monaco seront sélectionnés pour cette Coupe du Monde. Car c’est vraiment quelque chose de spécial à vivre, et Youssouf, comme d’autres, le mérite.
Breel EmboloSur le Mondial

Pour revenir à la Coupe du Monde 2018, elle a aussi été marquée par un heureux évènement pour toi.

Oui c’est vrai, j’ai eu le bonheur d’assister à la naissance de ma première fille. J’ai pu y aller puis retourner ensuite en sélection pour poursuivre la compétition. Dommage que nous n’ayons pas pu aller plus loin. Mais ça reste un moment très spécial dans ma vie. On avait passé un groupe très difficile, comme celui de cette année, avec le Brésil notamment. Et plus personnellement, la naissance de ma fille m’a montré à quel point le plus important reste la santé et le bonheur.

Tu parlais de Youssouf tout à l’heure. Vous pourriez éventuellement vous retrouver, si vous êtes sélectionnés tous les deux et que vos équipes se rencontrent. Ça te plairait ?

J’espère d’abord que le maximum de joueurs de l’AS Monaco seront sélectionnés pour cette Coupe du Monde. Car c’est vraiment quelque chose de spécial à vivre, et Youssouf, comme d’autres, le mérite. Ensuite, retrouver la France ce serait (il réfléchit)… bizarre et dur, car pour moi il s’agit d’un des favoris de la compétition. Nous nous sommes déjà rencontrés à l’Euro, et ça s’est terminé aux penalties, donc ce serait vraiment compliqué. Essayons dans un premier temps de sortir du groupe, ce serait déjà bien. Je ne veux pas faire le gars qui se projette trop.

Plus personnellement maintenant, avec qui t’entends-tu bien dans le vestiaire ?

Je m’entends bien avec tout le monde, mais je dirais Momo (Camara), Malang (Sarr) et Izo (le surnom d’Ismail Jakobs, ndlr) côté allemand, puis Youssouf et Axel chez les Français.

Que fais-tu en dehors du football, et comment te sens-tu à Monaco ?

C’est bien, ici il y a le soleil, ça me change beaucoup de l’Allemagne. La qualité de vie est différente. Je passe beaucoup de temps avec ma famille, mes enfants. J’essaye de découvrir de nouvelles choses avec eux et mes amis. Sinon il y a le nouveau FIFA qui est sorti, donc un petit peu de Play aussi (il sourit). Beaucoup de foot à la maison. Mais j’aime aussi découvrir la ville et les environs avec mon entourage. Sans oublier de se reposer de temps en temps, car c’est important de se poser de temps en temps, quand on enchaîne tous les trois jours. Prendre un moment pour soi, c’est important.

As-tu un talent caché à nous dévoiler ?

Non, malheureusement. Je pense que j’en ai un, mais en réalité je n’en ai pas (sourire).

Merci pour votre soutien, car on a besoin de vous ! Sachez que nous faisons tout pour vous rendre fiers, et aller chercher nos objectifs ensemble. DAGHE MUNEGU ! 🇲🇨
Breel EmboloSon message aux supporters monégasques

Au niveau de ton style vestimentaire, qu’aimes-tu porter en dehors du foot ?

(Sans hésiter) Jogging ! J’aime être confortable, surtout quand je rentre du Centre de Performance. Et puis quand tu as des enfants, tu passes beaucoup de temps à la machine à laver (rires). C’est pour ça que les joggings, c’est parfait.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Breel Donald Embolo (@breelembolo97)


Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Il y a le nouvel album de Lil Baby qui est sorti et qui n’est pas mal. Tiakola aussi, beaucoup. Après ça se joue entre Amérique, France, Afrique aussi, avec du Burna Boy (chanteur nigérian) par exemple. Mais j’aime un peu tous les styles, moderne, Hip-hop, RnB.

Un film ou une série que tu apprécies ?

J’ai récemment regardé le dernier épisode de Blacklist (Netflix). Et en film, je voulais regarder The Woman King, qui est actuellement au cinéma.

Pour terminer cet entretien, as-tu un message à passer aux supporters de l’AS Monaco ?

Merci pour votre soutien, car on a besoin de vous ! Sachez que nous faisons tout pour vous rendre fiers, et aller chercher nos objectifs ensemble. DAGHE MUNEGU ! 🇲🇨

Rise. Risk. Repeat.