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Rookie 18 mai 2022, 16:09

Yanis Benchaouch : "La sensation quand on fait un bel arrêt, c'est unique"

Yanis Benchaouch : "La sensation quand on fait un bel arrêt, c'est unique"
Reconnue comme l’un des meilleurs centres de formation de France, l’Academy de l’AS Monaco est à l’honneur dans la série "Rookie". Pour ce 17e épisode, pars à la rencontre de Yanis Benchaouch, gardien de but des U17, récemment apparu avec les U19.

Il porte les gants fièrement depuis qu’il est haut comme trois pommes ! Là où certains ont une vocation tardive, presque contrainte, pour défendre la cage. Lui n’a pas choisi le poste de gardien de but par défaut, mais pour ressentir cette émotion indescriptible « lorsque tu fais un arrêt déterminant ou une belle relance ».

Déjà trois titularisations avec les U19

Arrivé à l’été 2021 en provenance de Trélissac, Yanis Benchaouch s’épanouit depuis avec les U17 monégasques. Il a même été récompensé de ses performances en étant aligné avec les U19 nationaux de Fred Barilaro lors des trois dernières rencontres de la saison. Et ce, juste avant le coup d’envoi des play-offs. Rencontre avec un passionné de foot, amoureux de son poste aux ambitions très claires.

Bonjour Yanis. Pour commencer, parle-nous un peu de ton parcours avant l’AS Monaco…

J’ai commencé le foot à 5 ans dans un club à côté de chez moi, l’US Chancelade (en Dordogne). J’y suis resté pendant cinq ans avant de partir au COCC Chamiers, avant de rejoindre Trélissac où j’ai passé six ans. Je dirais que c’est mon club formateur, celui qui m’a le plus développé, avant mon arrivée ici à l’Academy de l’AS Monaco. Si je suis ici aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à eux.

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé ce poste. Cette sensation qu’on a quand on fait un arrêt, même sur une bonne relance ! Pour moi c’est unique, et personne ne peut le ressentir sur le terrain, à part un gardien.
Yanis BenchaouchGardien de but

Quel était ton sentiment au moment de signer dans ce club ?

J’ai ressenti une grande fierté avec mes parents lorsque j’ai rejoint ce grand club. Intégrer un centre de formation de cette envergure, c’était inimaginable pour moi. Petit, on rêve tous de ça, et c’est quelque chose que je réalise aujourd’hui. On sait que l’AS Monaco est historiquement un grand club formateur, donc ça joue beaucoup dans la décision de signer ici plutôt qu’ailleurs. Ensuite, je suis aussi venu ici pour l’école, car la scolarité est très importante pour mes parents et moi-même. Notre directrice, Mme Gollino, met beaucoup l’accent dessus, et cela nous a convaincus. Quand j’ai fait mon essai ici, je ne me suis pas mis la pression, je me suis juste dit qu’il fallait que je me donne à fond. J’ai tout de suite senti que le coach donnait confiance à ses joueurs, c’est ce qu’il a fait avec moi et je suis très content d’avoir fait ce choix.

Es-tu issu d’une famille de sportifs ?

Mon père aime le foot depuis tout petit, il en a fait avant moi. Il a fait une carrière au niveau amateur, mais il m’a toujours aidé à me développer, et à gérer la pression et mes émotions. Savoir digérer les défaites par exemple. Je le remercie encore. Depuis tout petit, il m’a toujours fait des debriefs sur mes matchs en mettant le doigts sur le mauvais, afin que je le retienne, et que je ne refasse pas la même erreur. Il me dit aussi ce que je fais de bien, mais trois jours après, pas sur le moment (rires) ! Ça m’a beaucoup aidé, parce qu’aujourd’hui je juge à chaque fois à la fin du match comment j’ai été.

Sens-tu que l’AS Monaco peut accompagner ta progression, et que c’est un club qui fait confiance aux jeunes ?

On le voit au quotidien, à commencer par moi. Je suis un U17 première année, et j’ai joué toute la fin de saison avec l’équipe, et même les deux derniers matchs avec les U19 (il a enchaîné un troisième match depuis contre Toulouse, ndlr) ! Donc on sent vraiment que les éducateurs veulent nous faire progresser le plus rapidement possible.

Peux-tu nous parler un peu de ton profil ?

J’ai un très bon jeu au pied ! Depuis tout petit je m’amuse avec le ballon, et j’en ai fait ma qualité première. Ensuite, comme je suis grand de taille, je suis à l’aise dans le domaine aérien. Mais il faut que je progresse dans le jeu au sol, et au niveau de la vivacité. Avec le temps et le travail, y compris au niveau mental, ça va aller (sourire). Il faut que je travaille sur mes émotions, car parfois je suis un peu trop émotif. Le mental se bosse tous les jours, car on peut faire un bon entraînement un jour, et être mauvais le lendemain. Mais tant que le mental est au top, tu es au top !

Yanis doit travailler avant tout l’aspect mental, car il est encore jeune. Et en même temps, il est déjà très exigeant avec lui-même, ce qui est parfois un frein à son évolution, car il a tendance à rester bloqué sur ses erreurs. Pour le reste, c’est quelqu’un qui comprend vite les enjeux, qui a une très bonne analyse du jeu, ce qui fait que les sorties de balle sont faciles avec lui car il est très à l’aise avec les deux pieds.
Sébastien GimenezEntraîneur des gardiens de l'Academy

Qu’aimes-tu dans ce poste très particulier de gardien de but ?

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé ce poste. Cette sensation qu’on a quand on fait un arrêt, même sur une bonne relance ! Pour moi c’est unique, et personne ne peut le ressentir sur le terrain, à part un gardien. Ensuite je suis un grand râleur, car je suis très exigeant envers moi-même, donc lorsque je rate quelque chose, ça m’énerve intérieurement et il faut que j’extériorise. Peut-être que je le suis trop, mais je suis comme ça. Et c’est comme ça que je progresse aussi. C’est de famille je pense (sourire).

As-tu des exemples, des idoles ?

En premier je citerais Manuel Neuer (Bayern Munich), parce que selon moi il a révolutionné le poste, avec ses sorties loin de son but, et le fait de jouer haut sur le terrain. Également pour son jeu au pied, même si Marc-André Ter Stegen (FC Barcelone) est encore à un niveau au-dessus. Ensuite j’aime beaucoup Alisson Becker, pour son style de jeu et le fait qu’il a beaucoup rassuré Liverpool en défense, depuis qu’il est arrivé.

D’autres joueurs t’inspirent-ils en termes de professionnalisme, à d’autres postes ?

Cristiano Ronaldo et Karim Benzema sont deux joueurs que j’adore depuis que je suis tout petit. Ce sont mes exemples, car ils travaillent tous les jours très dur depuis leur plus jeune âge, et on voit que ça marche, puisqu’ils font des meilleures carrières que d’autres joueurs qui avaient peut-être plus de talent qu’eux au départ. Ce sont deux grandes sources d’inspiration.

Y a-t-il des gardiens qui t’ont marqué dans l’histoire du Club ?

Forcément. Fabien Barthez, qui a gagné la Coupe du Monde avec les Bleus en 1998, et qui a fait la carrière que tout le monde connaît. C’est une grande source d’inspiration pour moi. Danijel Subasic également, qui a été champion de France en 2017 et a connu l’épopée en Ligue des Champions avec l’AS Monaco. Il a fait de grosses saisons et de très beaux arrêts. Flavio Roma évidemment, qui a été au centre de formation en tant qu’entraîneur. Ce sont des joueurs fantastiques.

Est-ce important pour toi de bien connaître l’histoire de l’AS Monaco justement ?

Tout le monde devrait connaître l’histoire du club où il évolue. C’est normal pour moi ! Avec les animateurs ici, on fait beaucoup de choses pour apprendre tout ça, pour ceux qui ne le sauraient pas déjà. C’est très important.

Pour revenir à ta saison, comment la juges-tu avec le recul ?

Au début, c’était forcément difficile de s’acclimater au club, et aux entraînements qui sont beaucoup plus intensifs qu’en amateur. Mais au fil du temps, j’ai progressé et je me sentais d’avoir le niveau pour jouer en U17 nationaux. J’ai fait mes débuts à Saint-Etienne en déplacement, où ç’a été un peu compliqué (défaite 2-0). Je me suis dit que la défaite était pour moi, j’ai encaissé et j’ai analysé ça en vidéo avec Christophe et Sébastien. J’ai travaillé dur à l’entraînement pour bien revenir. Ce n’est pas ma première erreur, et ce ne sera pas ma dernière, mais le tout c’est de savoir s’en relever. C’est là où on distingue les grands joueurs, selon moi. Mais je ne cache pas que cette semaine-là, c’était dur pour moi.

Au retour c’était beaucoup mieux ici heureusement – victoire 4-0 – (sourire) ! Ensuite j’ai enchaîné contre Saint-Priest (succès 5-2) et Lyon-la-Duchère (1-0), où j’étais très bien. Ce match m’a fait du bien car on encaissait beaucoup de buts en début de saison, et ce jour-là j’ai maintenu l’équipe dans la partie, pour ensuite l’emporter grâce à un but de Joan (Tincres). Et puis le coach des U19, Frédéric Barilaro, m’a fait confiance récemment en me faisant jouer contre l’AS Cannes (victoire 5-2), où j’ai fait un bon match. Dernièrement contre Nice (succès 5-3) c’était moyen, mais dans l’ensemble le bilan est plutôt pas mal.

Comment as-tu réagi quand on t’a annoncé que tu allais jouer avec les U19 ?

C’est une énorme fierté tout d’abord ! Après c’est forcément une pression supplémentaire, car tu joues avec les plus grands, qui sont en tête du championnat en plus. Et puis le match contre l’AS Cannes était décisif pour savoir si l’équipe allait se qualifier pour les play-offs. Mais une fois que tu es sur le terrain, c’est à toi de montrer ce que tu sais faire, ton talent, ta progression. Puis redonner la confiance que l’on t’a donnée.

Yanis est un gardien et une personne très sérieuse, travailleur dans le foot comme à l’école. Il est très focalisé sur ses objectifs et il sait ce qu’il veut, et se donne les moyens pour y arriver. Il est facile à accompagner au quotidien et très à l’écoute de toutes les remarques.
Christophe AlmerasEntraîneur des gardiens

Il y a une particularité cette année pour vous les gardiens, avec l’accompagnement du duo Christophe Almeras – Sébastien Gimenez que tu évoquais. Raconte-nous ce que ça vous apporte…

C’est un gros plus d’avoir deux coachs des gardiens pour toute l’Academy, c’est incroyable ! On travaille davantage la technique avec Christophe, et les situations de match avec Sébastien. On voit que ça nous fait progresser d’autant plus vite. Quand tu travailles 30 minutes avec l’un et 30 minutes avec l’autre sur des exercices différents, tu apprends beaucoup plus rapidement. C’est bénéfique. Ensuite on sait que Sébastien a entraîné des pros à Nîmes, donc on se dit qu’il faut se mettre au niveau, pour prouver que nous aussi on a des arguments pour se diriger vers le monde professionnel.

As-tu parlé avec eux avant de monter en U19 ?

J’ai surtout eu l’occasion de parler avec Sébastien, étant donné que Christophe est beaucoup avec la N2. Il était avec moi avant chaque match, et me disait que si je jouais, c’est parce que j’avais le niveau, et qu’il ne fallait pas que je stresse mais simplement que je montre ce que je sais faire. J’espère jouer le plus de matchs possible en cette fin de saison, que ce soit en play-offs avec les U19 ou en tournoi avec les U17.

C’est un joueur qui est capable de venir te voir avant un match pour te dire qu’en face ça joue en 3-5-2 et que les sorties de balle adverses vont être dans telle zone. Ce qui fait qu’il a également une très bonne gestion de la profondeur. C’est toujours très intéressant de discuter avec lui, il est déjà très mature pour son âge.
Sébastien GimenezEntraîneur des gardiens de l'Academy

Comment appréhendes-tu le fait de jouer le haut de tableau avec ces deux équipes ?

Depuis tout petit, j’ai toujours été dans des clubs qui se battaient pour les premières places. Quand on arrive ici, on veut jouer le haut de tableau, c’est indispensable d’avoir cette mentalité. Je ne ressens pas ça comme une pression supplémentaire, car on sait ce que l’on doit faire pour gagner les matchs, quels ingrédients il faut mettre.

Quel est ton objectif à l’AS Monaco ?

Évidemment, comme tout jeune qui intègre le centre de formation, j’aimerais pouvoir signer mon premier contrat pro ici. Pour cela il faut un talent à la base, qui est inné chez certaines personnes. Mais derrière il faut le travailler, car sinon d’autres vont passer devant toi et tu vas le regretter tôt ou tard. Même si je ne signe pas pro un jour, ce que je ne souhaite pas, je ne veux avoir aucun regret. Fouler la pelouse du Stade Louis-II (il le regarde), faire mes premiers pas en pro ici, ce serait incroyable ! On va tout faire pour…

Tu as les yeux qui brillent quand tu assistes à un match là-bas ?

Bien sûr ! Quand on fait ramasseur de balle pour les rencontres des pros, ou même quand on a vu jouer la N2 ou les U19 en Coupe Gambardella, sur une pelouse pareille, on s’y voit déjà. On va tout faire pour vivre ça à notre tour. Il faut écrire notre propre histoire à l’AS Monaco.

Un dernier mot sur ton coach, Manu Dos Santos. Comment t’aide-t-il à progresser ?

On prend vraiment tous ses conseils. On sait ce qu’il a fait ici, mais aussi qu’il a eu une grande carrière. On voit qu’il aime le Club aussi et il nous le répète tous les jours à l’entraînement. Il veut qu’on honore le blason ! Même en match, la notion de Derby, on sent qu’il veut gagner tous les matchs… Même en amical contre Nice (le week-end précédent, 1-0) !

Rise. Risk. Repeat.