Fermer
Interview 31 janvier 2023, 09:30

John Collins : "Monaco a été un moment magique dans ma vie"

John Collins : "Monaco a été un moment magique dans ma vie"
Présente la saison dernière au Stade Louis-II pour donner le coup d'envoi du match face au PSG (3-0), la légende écossaise avait pris quelques minutes pour revenir sur son brillant passage sur le Rocher, entre 1996 et 1998. Retour sur cet entretien à l'occasion de son 55e anniversaire.

24 ans après, il fait encore briller les yeux des supporters monégasques. Revenu la saison dernière au Stade Louis-II afin d’y donner le coup d’envoi du match entre l’AS Monaco et le PSG (3-0), aux côtés de la légende portugaise Rui Barros, John Collins s’est remémoré les souvenirs marquants de son passage au Club, entre 1996 et 1998. Avec émotion et la nostalgie d’une époque durant laquelle il aura notamment remporté un titre de champion de France et disputé deux demi-finales européennes. Entretien souvenirs… dans un français parfait !

Jean Tigana était un coach qui voulait qu'on fasse le spectacle, qu'on marque des buts. Pour moi, c'était idéal. Il ne m'a pas donné beaucoup de consignes, simplement : "Demande le ballon et joue avec, et lorsque tu ne l'as pas essaye de le récupérer et de gagner tes duels".
John CollinsAncien milieu de terrain de l'AS Monaco

Bonjour John. Quelle émotion vous procure ce retour au Stade Louis-II ?

C’est toujours le même sentiment, c’est un grand plaisir car je n’ai que des bons souvenirs ici. J’ai passé deux saisons extraordinaires sur le terrain, j’ai rencontré de très bons amis, j’ai gagné un titre de champion de France, joué deux demi-finales de coupes d’Europe, évolué avec de grands joueurs, des gentlemen. Avec le staff, nous formions une petite famille, donc c’était un moment magique dans ma vie.

Parlez-nous un peu de Jean Tigana, le coach qui vous a recruté…

Il m’a offert l’opportunité de venir ici et m’a installé en tant que titulaire. C’était un coach qui voulait qu’on fasse le spectacle, qu’on marque des buts. Pour moi, c’était idéal. Il ne m’a pas donné beaucoup de consignes, simplement : « Demande le ballon et joue avec, et lorsque tu ne l’as pas essaye de le récupérer et de gagner tes duels ». Il n’y avait rien de compliqué, mais il avait un œil pour recruter des bons joueurs et construire un super effectif.

Comment était-ce d’évoluer dans cet effectif de très, très grande qualité ?

C’était spécial. Quand tu as de bons joueurs en mouvement autour de toi, c’est facile de bien jouer. Je jouais au milieu de terrain et devant moi j’avais Ali Benarbia, un petit magicien, et en attaque Thierry Henry, Sonny Anderson ou David Trezeguet qui étaient rapides et extraordinaires techniquement. Derrière, il y avait des Franck Dumas ou des Emmanuel Petit qui faisaient des passes magnifiques, Patrick Blondeau, un arrière droit solide, puis le jeune Willy Sagnol, un joueur technique avec la bonne attitude. On a aussi eu Enzo Scifo ! C’était vraiment un effectif de très, très haut niveau, mais encore plus important, un super groupe humainement. Tout le monde m’avait très bien accueilli. Sur le terrain et en dehors, c’était vraiment une période magique.

Pouvez-vous évoquer ce superbe titre de champion de France en 1997…

J’avais évolué toute ma carrière en Ecosse et en arrivant ici j’ai tout de suite ressenti l’ambition de l’équipe et du Club, qui était de gagner ce titre. C’était le 700e anniversaire du règne de la famille Grimaldi, donc c’était une année spéciale à Monaco. Je me rappelle très bien de la journée où nous avons gagné le titre ici face à Nantes, devant toute la famille princière, puis les célébrations lors des jours qui ont suivi. Quand tu es petit et que tu joues dans la rue, ce sont des moments dont tu rêves. Et plus tu vieillis, plus tu mesures la chance que tu as eue de vivre cet évènement.

Comment était l’ambiance dans ce vestiaire rempli de grands joueurs ?

On était un effectif avec des joueurs de caractère et en confiance, donc tout le monde pouvait se parler. Il y avait énormément de leaders. A l’entraînement, on se donnait à 100%, tout le monde rigolait mais avait envie de gagner au quotidien. Les séances étaient très sérieuses mais après basta, c’était l’heure des blagues (rires) !

Ces deux saisons ont été un rêve. Mais je n'ai pas été étonné car, après deux semaines, quand j'ai vu les joueurs autour de moi, je me suis dit : "Waouh, quelle qualité !". Et cela ne valait pas pour dix joueurs mais pour vingt. Il y avait de la qualité à chaque poste et une très forte concurrence.
John CollinsAncien milieu de terrain de l'AS Monaco

A Monaco, vous avez également connu deux belles épopées européennes, avec notamment des victoires contre des clubs anglais…

En quarts de finale de la Coupe UEFA 1996-1997, nous avons éliminé la grande équipe de Newcastle (1-0, 3-0) entraînée par Kenny Dalglish, avec notamment David Ginola dans ses rangs. Je viens du Sud de l’Ecosse, proche de la frontière anglaise, donc ce match était spécial pour moi. Lors du match aller à Newcastle, un bus rempli de supporters du Celtic et de ma famille est venu pour supporter Monaco et nous l’avons emporté 1-0, puis 3-0 au retour avec un Ali Benarbia magnifique. La saison suivante, on rencontre Manchester United en quarts de finale de la Ligue des champions. C’était l’équipe de Sir Alex Ferguson et de David Beckham. Toute l’Europe pensait qu’ils allaient nous éliminer, mais j’ai toujours eu confiance. Nous avons fait match nul chez nous (0-0), puis nous étions confiants sur le fait de marquer à Old Trafford. Et David Trezeguet a inscrit un but superbe, sous la barre, ce qui a donné une formidable qualification pour l’équipe (1-1).

Qu’est-ce qui fait que l’AS Monaco est un club à part ?

Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II était souvent dans les vestiaires avant ou après les matchs. Il était proche du groupe. Dans le monde du foot, c’est rare d’avoir cette proximité. J’ai trouvé ça très sympathique. Il a toujours été gentil avec moi, il me parlait anglais lorsque je n’avais pas encore appris le français.

Comment expliquez-vous que vous soyez l’un des rares joueurs britanniques à avoir réussi en France ?

Je suis venu ici sans connaître le championnat français, car à l’époque il n’était pas diffusé en Angleterre, ni les joueurs qui y évoluaient. Mais immédiatement, j’ai vu beaucoup de très bons joueurs, très jeunes. Techniquement, la D1 était largement supérieure au championnat écossais et c’était donc un challenge pour moi. Je suis très heureux d’avoir gagné un titre dès ma première année au Club et d’avoir disputé deux demi-finales européennes. Ces deux saisons ont été un rêve. Mais je n’ai pas été étonné car, après deux semaines, quand j’ai vu les joueurs autour de moi, je me suis dit : « Waouh, quelle qualité ! ». Et cela ne valait pas pour dix joueurs mais pour vingt. Il y avait de la qualité à chaque poste et une très forte concurrence.

Pour terminer, parlez-nous de votre but face au Brésil, lors du match d’ouverture de la Coupe du monde 1998…

Cette Coupe du monde 1998 était pour moi vraiment spéciale, car je représentais mon pays et on jouait ce match d’ouverture face au Brésil. Depuis que j’était petit, je regardais le Mondial devant ma télé, comme tout le monde, et la Seleçao est l’équipe que les gens adorent. Je me souviens de la sensation dans le tunnel du Stade de France, lorsque nous sommes entrés sur la pelouse. Paris était rempli d’Ecossais, même si malheureusement il n’y en avait pas trop dans le stade car les tickets étaient difficiles à trouver. Et marquer le but de l’égalisation devant ma famille et nos supporters a été un plaisir pour moi, même si malheureusement le Brésil a gagné (2-1). Cela reste un évènement spécial dans ma vie.

1 / 9
Rise. Risk. Repeat.