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Interview 08 avril 2023, 16:11

La Gambardella, Ranieri, la Ligue 2… Les souvenirs de Dennis Appiah

La Gambardella, Ranieri, la Ligue 2… Les souvenirs de Dennis Appiah
A la veille de la rencontre entre son club formateur et le FC Nantes, dont il a également porté les couleurs, nous sommes partis à la rencontre du latéral droit. Plongée dans ses meilleurs moments en Principauté.

Il aide actuellement l’AS Saint-Etienne à se maintenir en Ligue 2, pour rêver peut-être à l’avenir d’une future remontée dans l’élite. Une situation qu’il a déjà connue à l’AS Monaco il y a maintenant plus de dix ans, au moment où il découvrait le monde professionnel. A la veille de la confrontation entre ses deux anciens clubs, celui qui l’a formé, et celui qui lui a offert une Coupe de France l’an dernier, le FC Nantes, rencontre avec Dennis Appiah, enfant du Rocher. Interview. 🎙

Bonjour Dennis. Pour démarrer, donne-nous un peu de tes nouvelles ! Ça va beaucoup mieux avec Saint-Etienne…

C’est vrai que depuis le début de l’année 2023 ça se passe très bien. Nous sommes sur une bonne dynamique avec huit matchs sans défaite en Ligue 2 (5 victoires et 3 nuls, ndlr), ce qui nous a permis de bien remonter au classement. Le but est évidemment de poursuivre sur cette lancée pour se maintenir en fin de saison. On est pas mal !

Il y a forcément le match de Nîmes, qui valide notre accession, même si nous n’étions pas encore officiellement champions. Les festivités qu’il y a eu ensuite entre nous, avec le groupe, le coach et le staff. Je me rappelle que nous avions fait un resto tous ensemble en rentrant.
Dennis AppiahUn moment fort de la remontée

C’est un championnat que tu connais bien, puisque tu l’as remporté en 2013 avec l’AS Monaco. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Je me rappelle aussi que l’année d’avant nous étions en difficulté (sourire), avant de bien remonter au classement comme avec Saint-Etienne cette année finalement. Mais c’est vrai que la saison qui a suivie a été exceptionnelle ! D’abord parce qu’il y a eu l’arrivée d’un nouveau coach avec le Mister, Claudio Ranieri.

Notre façon de travailler a alors évolué et a très bien fonctionné avec l’exigence de la Ligue 2. Ce que je retiens, c’est qu’à l’époque beaucoup de joueurs du centre de formation jouaient. Nous étions une bande de potes, motivés pour faire remonter notre club formateur. Et pour nous, c’était super important !

Quel moment a été le plus fort dans cette opération remontée justement ?

Il y a forcément le match de Nîmes, qui valide notre accession, même si nous n’étions pas encore officiellement champions. Les festivités qu’il y a eu ensuite entre nous, avec le groupe, le coach et le staff. Je me rappelle que nous avions fait un resto tous ensemble en rentrant. C’était super ! Et il y a forcément le match suivant à domicile contre Le Mans (succès 2-1, ndlr), qui entérine cette fois notre titre de champion. Je me rappelle du bain de foule qu’il y a eu avec le public ce soir-là, c’était génial. Comme la soirée qui a suivi avec les joueurs.

Comment as-tu vécu le fait de vivre la tristesse de la descente puis l’euphorie de la remontée en deux ans en tant que jeune formé au Club ?

C’était assez paradoxal. Je ne sais pas si tous les joueurs de l’Academy avaient le même sentiment, mais personnellement je monte dans le groupe pro l’année de la descente. Et en même temps, on gagne la Coupe Gambardella avec les U19 ! Du coup en Ligue 2 on a tous été propulsés dans l’équipe. A ce moment-là, on ne se rendait pas trop compte de ce que représentait Monaco au niveau professionnel.

A l’Academy, forcément oui ! On arrive au bout d’une compétition qui n’est pas facile à gagner, que tu n’as l’occasion de jouer qu’une ou deux fois, trois maximum pour les plus chanceux. Je me rappelle d’ailleurs que l’année d’avant on arrive en finale du championnat U19, où on perd contre Paris.
Dennis AppiahSon meilleur souvenir à l'Academy

C’était compliqué, car à chaque match on voulait nous taper, car on était le gros du championnat. Donc déjà le fait d’avoir sauvé le club d’une deuxième descente, car nous étions derniers à la mi-championnat, c’est quelque chose d’extraordinaire ! Surtout que dans la foulée on remonte. Certains ont même été champions de Ligue 1 avec leur club formateur, c’est fort !

Tu penses notamment à Valère Germain, dont tu es resté très proche…

De ma génération, j’ai gardé des liens avec Nampalys Mendy surtout, Layvin Kurzawa qui me donne des nouvelles, Terence Makengo aussi ou encore Valentin Eysseric, même si j’en ai un peu moins. Mais je suis globalement en contact avec tous ceux qui étaient au-dessus ou en-dessous, on se suit tous, on s’envoie des messages.

Mais Valère forcément c’est particulier, parce qu’on se voit pratiquement tout le temps (sourire) ! Cet été on va partir ensemble en vacances, on a eu nos enfants pratiquement à la même période. On s’appelle souvent ! Il y a Marc-Aurèle Caillard aussi, avec qui je passe souvent des vacances. Loïc Dufau également. C’est super de maintenir ce lien.

La victoire en Coupe Gambardella en 2011 est-elle ton meilleur souvenir parmi ces années de formation ?

A l’Academy, forcément oui ! On arrive au bout d’une compétition qui n’est pas facile à gagner, que tu n’as l’occasion de jouer qu’une ou deux fois, trois maximum pour les plus chanceux. Je me rappelle d’ailleurs que l’année d’avant on arrive en finale du championnat U19, où on perd contre Paris. Donc oui c’est quelque chose que je garde en mémoire, car quand on est jeune, on a forcément envie de gagner la Gambardella, et nous l’avons fait.

Surtout que beaucoup d’entre vous ont fait une carrière en pro derrière !

Comme je l’ai dit précédemment, dans la malchance qu’on que le Club descende, on a su en profiter pour être propulsés en Ligue 2 avec des contrats professionnels pour une bonne partie de l’équipe. On a donc réussi à sortir et à jouer ! Mais c’est vrai qu’il avait une belle génération, avec Nampalys Mendy qui a ensuite joué à Leicester en Premier League.

Il a été très important dans notre formation et dans notre post-formation, car quand on redescendait du groupe pro on revenait jouer avec la réserve. Il a toujours eu cette volonté de nous protéger et à la fois nous guider.
Dennis AppiahA propos de Frédéric Barilaro

Layvin Kurzawa qui a connu des titres avec le PSG et qui a même été en Équipe de France. Valentin Eysseric qui a pas mal bourlingué en Ligue 1 aussi. Yannick Carrasco également, qui fait une super carrière ! Florian Valot qui est parti aux Etats-Unis, Martin Sourzac, Jerôme Phojo qui a eu un peu moins de chance avec sa santé, Jérémy Labor… Cette descente a donc permis à cette génération de goûter au monde pro.

Quel rôle a eu Frédéric Barilaro a eu dans cette évolution ?

Tous les joueurs qui sont passés par le centre de formation de Monaco et qui sont sortis pros ont eu la chance de côtoyer « Bari ». Un jour il avait fait la liste des joueurs qu’il a lancés au haut niveau, et ça représente énormément de monde ! A l’époque il était à la tête de l’équipe réserve, même si maintenant il s’occupe des U19.

Il a été très important dans notre formation et dans notre post-formation, car quand on redescendait du groupe pro on revenait jouer avec la réserve. Il a toujours eu cette volonté de nous protéger et à la fois nous guider. Il représente un passage important de ma carrière, comme beaucoup.

Pour parler d’un autre coach qui t’a marqué, tu évoquais tout à l’heure de Claudio Ranieri. Comment était-il ?

Pour moi c’est l’un si ce n’est LE coach le plus complet que j’ai connu dans ma carrière. Ce qui m’a marqué la saison où on monte, car je ne faisais pas beaucoup de matchs, c’est qu’il me traitait comme un joueur important ! Je me suis senti important dans le groupe. Même quand on ne jouait pas, il traitait tous les joueurs de la même façon. Il essayait de te récompenser à chaque fois que tu faisais une bonne semaine d’entraînement, en te faisant au moins rentrer dans le match.

Ce n’était pas facile pour lui car ça tournait très bien, et il n’était pas obligé de changer. Il essayait de concerner tout le monde, et en tout cas avec moi il a réussi ! C’est la marque des grands pour moi. Il était toujours là pour t’aider, pour travailler et était très juste, ce qui est très rare et dur dans le monde de football. Mais lui a réussi.

Quels étaient les joueurs qui sortaient du lot cette saison de la remontée ?

Déjà le Club avait mis les moyens pour avoir la meilleure équipe possible en Ligue 2. Quand on recrute Nabil Dirar qui est champion avec Bruges en première division belge, on est forcément au-dessus. Mais paradoxalement, ceux qui m’ont le plus impressionné en dehors de Nabil et d’Ibrahima Touré qui marquait beaucoup de buts, c’est plutôt les jeunes du centre ! Quand Yannick (Carrasco) s’est mis au niveau de la Ligue 2 et ensuite de la Ligue 2, c’était fort.

Quand Nampalys a joué et a « sauté » tout le monde au milieu de terrain malgré le recrutement, pour prendre sa place, c’est ça qui m’a impressionné ! La force de caractère des joueurs formés au Club. On aurait pu croire que certains allaient baisser les bras avec l’arrivée de nombreuses recrues. Mais non, tout le monde s’est battu, et Valère (Germain) et Tristan (Dingome) notamment ont beaucoup joué à cette période.

Monaco n’est pas seulement l’un des meilleurs clubs formateurs de France, c’est l’un des meilleurs tout court ! Il fait partie du patrimoine du football tricolore, en ayant gagné beaucoup de titres. De très grands joueurs sont passés par ce Club, ce qui montre que ce n’est pas facile de sortir du centre de formation.
Dennis AppiahSur la qualité de l'Academy

Qu’as-tu envie de retenir de ton passage à l’AS Monaco avec le recul ?

Forcément ma première signature en tant qu’aspirant, puis mon premier contrat pro ! La victoire en Coupe Gambardella, mais aussi mon premier match en professionnel contre Boulogne en Ligue 2. Il y a tellement de choses que je retiens !… Je ne regrette rien de mon passage à l’AS Monaco, car j’ai réalisé mon rêve en devenant joueur pro et en jouant avec mon club formateur.

J’aurais aimé y jouer plus longtemps, mais c’était déjà très bien. Je veux garder tout le positif, et de toute façon je n’habite pas très loin donc je reviens souvent en vacances ici (sourire). Ça restera toujours une part importante de ma vie, de ma carrière.

C’est une fierté pour toi d’avoir fait partie de ces nombreux jeunes talents sortis de l’Academy ?

Bien sûr, même si Monaco n’est pas seulement l’un des meilleurs clubs formateurs de France, c’est l’un des meilleurs tout court ! Il fait partie du patrimoine du football tricolore, en ayant gagné beaucoup de titres. De très grands joueurs sont passés par ce Club, ce qui montre que ce n’est pas facile de sortir du centre de formation.

J’ai envie de leur dire de continuer à supporter le club de leur cœur, de soutenir l’équipe, même quand c’est parfois plus compliqué. De continuer à être derrière ces jeunes, comme Eliesse Ben Seghir et Edan Diop aujourd’hui, car ça fait toujours plaisir d’être soutenu.
Dennis AppiahSon message aux supporters

Malgré cela, certains d’entre nous avons réussi à le faire. Donc il y a évidemment un sentiment de fierté d’avoir été formé là-bas… mais aussi d’avoir pu jouer, car ce n’est pas le tout d’en sortir. D’autant que j’ai marqué à ma manière une partie de cette riche histoire en remportant une Gambardella et en contribuant à faire remonter l’AS Monaco dans l’élite.

Que t’évoque l’AS Monaco quand tu y repenses ? Une équipe, un joueur, un titre ?

Je dirais le titre de champion de France 2017, car j’ai des amis qui ont fait partie de l’aventure. Je les avais suivis même si j’étais à l’étranger (en Belgique à Anderlecht, ndlr), même dès 2015 d’ailleurs, où ils s’étaient déjà hissés en quart de finale de Ligue des Champions. Cette équipe de 2017 était imbattable, et pourtant il y avait beaucoup de joueurs méconnus au départ, qui ont roulé sur le championnat. J’ai envie de retenir ce titre de champion qui était fabuleux !

As-tu un message à faire passer aux supporters de l’AS Monaco, très attachés aux enfants du Club ?

J’ai envie de leur dire de continuer à supporter le club de leur cœur, de soutenir l’équipe, même quand c’est parfois plus compliqué. De continuer à être derrière ces jeunes, comme Eliesse Ben Seghir et Edan Diop aujourd’hui, car ça fait toujours plaisir d’être soutenu. Car je pense que les joueurs, comme moi à l’époque, essayent de les rendre les plus heureux possible !

Pour finir, as-tu une anecdote drôle qui te revient en tête ?

(Il réfléchit) C’est dur, il s’est passé beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses ! En plus je mélange un peu ce qu’il y a eu au centre de formation et en pro. A l’Academy il y a eu quelques moments sympas, comme quand nous sommes passés de National 3 à la N2. Je crois qu’on avait mis de la mousse partout par terre et qu’on avait glissé dans la piscine. C’était très marrant (rires).

Rise. Risk. Repeat.