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Interview 18 mars 2023, 14:34

Son arrivée, le titre de Ligue 2, Claudio Ranieri... Les souvenirs de Carl Medjani

Son arrivée, le titre de Ligue 2, Claudio Ranieri... Les souvenirs de Carl Medjani
A la veille du déplacement à Ajaccio, pour le compte de la 28e journée de Ligue 1, nous sommes partis à la rencontre de l’ancien défenseur central, passé par les deux clubs, et notamment champion de France de Ligue 2 en 2013 avec l’AS Monaco.

Il fait partie de l’effectif qui a permis à l’AS Monaco de remonter en Ligue 1 en mai 2013. Recruté six mois plus tôt en provenance de l’AC Ajaccio à la toute fin du mercato hivernal, Carl Medjani a disputé 15 rencontres tout en stabilisant la défense monégasque (11 buts encaissés). Un renfort de poids qui a ainsi aidé les Rouge et Blanc à terminer champion de Ligue 2. Aujourd’hui retraité, il nous dévoile ses souvenirs au sein du club de la Principauté, évoquant notamment sa belle relation avec Claudio Ranieri. Interview.

J’ai une arrivée un peu atypique puisque j’étais en pleine Coupe d’Afrique des Nations en Afrique du Sud. Quand j’ai finalisé mon accord avec l’AS Monaco, j’appartenais encore à l’AC Ajaccio et on était en fin de mercato. Les délais étaient donc assez courts pour finaliser. Le Club a alors eu la classe et le professionnalisme de m’envoyer le Docteur Kuentz, médecin du Club en Afrique du Sud pour pouvoir réaliser ma visite médicale
Carl Medjani, sur son arrivée au Club à l'hiver 2013Ancien défenseur de l'AS Monaco

Bonjour Carl. Tout d’abord, donne-nous de tes nouvelles. Que fais-tu actuellement ?

J’ai arrêté ma carrière à l’été 2019. Je suis père de famille d’un garçon de 5 ans et d’une fille de bientôt 3 ans. J’ai investi dans le monde entrepreneurial dans diverses entreprises et le plus gros de mes activités se passe dans le milieu nucléaire où je suis associé avec deux amis à moi.

Comment s’est passée ton arrivée à l’AS Monaco au mercato d’hiver 2013 ?

J’ai une arrivée un peu atypique puisque j’étais en pleine Coupe d’Afrique des Nations en Afrique du Sud. Quand j’ai finalisé mon accord avec l’AS Monaco, j’appartenais encore à l’AC Ajaccio et on était en fin de mercato. Les délais étaient donc assez courts pour finaliser.

Le Club a alors eu la classe et le professionnalisme de m’envoyer le Docteur Kuentz, médecin du Club en Afrique du Sud pour pouvoir réaliser ma visite médicale et être dans les temps pour finaliser le contrat. J’ai ensuite eu l’autorisation de la Fédération algérienne pour pouvoir me libérer afin de passer ma visite médicale et signer le lendemain à l’AS Monaco, le 31 janvier, pour un contrat de trois ans et demi.

Et là, tu arrives dans un effectif XXL.

Quand je signe fin janvier, le club est deuxième au classement. Le but de la direction dans ce mercato était alors de recruter des joueurs expérimentés à la fois à la Ligue 1 et à la Ligue 2, d’où les venues de Mounir Obbadi, Emmanuel Rivière et moi-même. On était une équipe capable de jouer au ballon mais on avait aussi un système à l’italienne.

C’est-à-dire qu’on évoluait dans un bloc assez bas avec des lignes très resserrées et des joueurs rapides sur les côtés comme Yannick Carrasco et Nabil Dirar. Devant, Valère Germain, Ibrahima Touré et Emmanuel Rivière plantaient but sur but. On avait la possession du ballon et la maîtrise du milieu de terrain avec Nampalys Mendy et Mounir Obbadi qui rayonnaient sur la Ligue 2. On était très complet. Et on réussit à participer à la montée quelques mois après en finissant qui plus est champion.

On a pu faire une belle fête dans les vestiaires et les jours qui ont suivi sans trop d’extravagance tout en respectant l’institution et on est sorti tous ensemble lors de notre retour à Monaco. Il ne faut pas oublier que l’entraîneur était Claudio Ranieri et c’était quelqu’un qui était assez strict. Au-delà de la montée, il voulait terminer premier du championnat et c’est ce qu’on a su faire par la suite.
Carl Medjani, sur le match de la montéeAncien défenseur de l'AS Monaco

Raconte-nous le match de Nîmes, celui qui permet de valider la montée.

J’étais assez serein sur le fait que l’on valide la montée à Nîmes. Quelques années plus tôt, on était en effet monté avec Ajaccio sur le terrain des Costières justement. J’y avais vu un signe du destin lorsque j’avais vu qu’on pouvait monter sur ce match-là. C’était une rencontre difficile et très serrée où l’on marque en toute fin de match par Ibrahima Touré. Cela a été une délivrance.

On a pu faire une belle fête dans les vestiaires et les jours qui ont suivi sans trop d’extravagance tout en respectant l’institution. On est notamment sorti tous ensemble lors de notre retour à Monaco. Il ne faut pas oublier que l’entraîneur était Claudio Ranieri et c’était quelqu’un qui était assez strict. Au-delà de la montée, il voulait terminer premier du championnat et c’est ce qu’on a su faire par la suite. On ne s’est pas démobilisé et on a eu la chance de terminer champion.

J’imagine qu’il y a dû avoir une belle fête après le titre.

Je sais que le club avait organisé une soirée 48h après la fin du championnat pour fêter le titre. Malheureusement, je n’avais pas pu y participer parce que j’étais parti dès le lendemain en équipe nationale pour les phases finales de qualification à la Coupe du Monde. Je n’ai donc pas pu assister à cette soirée, et pour la petite histoire, je n’ai pas récupéré mon trophée de champion de France de Ligue 2. J’imagine qu’il doit être encore dans les placards du Club.

J’ai beaucoup aimé le coach et l’homme qu’il est. C’était quelqu’un qui savait allier les moments de convivialité et de sérieux. Quand on était à l’entraînement, on était vraiment là pour bosser et dès que l’on sortait du cadre de l’entraînement, il laissait les joueurs assez libres et autonomes pour pouvoir gérer leur vie et les moments invisibles qui sont importants dans la vie d’un groupe. J’ai beaucoup apprécié ça.
Carl Medjani, sur sa relation avec Claudio RanieriAncien défenseur de l'AS Monaco

Quelle était ta relation avec Claudio Ranieri ?

J’ai beaucoup aimé le coach et l’homme qu’il est. C’était quelqu’un qui savait allier les moments de convivialité et de sérieux. Quand on était à l’entraînement, on était vraiment là pour bosser et dès que l’on sortait du cadre de l’entraînement, il laissait les joueurs assez libres et autonomes pour pouvoir gérer leur vie et les moments invisibles qui sont importants dans la vie d’un groupe. J’ai beaucoup apprécié ça.

C’est lui qui est venu me chercher et qui m’a donné l’opportunité de rejoindre un grand club comme l’AS Monaco. Sur le domaine plus footballistique, j’ai aimé le fait que tout était maîtrisé, carré et préparé. Tactiquement, j’ai pris beaucoup de plaisir et en six mois, j’ai énormément appris avec lui. Il avait une vision du foot conforme à mes valeurs et avec ce que j’aimais faire sur un terrain. D’ailleurs pour être transparent, il ne souhaitait pas que je quitte l’effectif lors du mercato estival.

Pourquoi as-tu fait le choix de partir alors ?

A ce moment-là, j’ai privilégié ma situation en équipe nationale où j’étais un cadre de l’équipe. Je ne voulais pas octroyer mes chances d’être titulaire et de participer à la Coupe du Monde au Brésil lorsque j’ai vu le recrutement effectué avec l’arrivée de plusieurs grands joueurs comme Joao Moutinho, Radamel Falcao, James Rodriguez, Ricardo Carvalho, Eric Abidal et Jérémy Toulalan. J’ai donc fait le choix de sacrifier ma carrière en club pour mettre en avant l’Algérie.

Avec regret ?

Oui c’était un regret de quitter l’AS Monaco. Mais je voulais être sûr d’avoir du temps de jeu afin de postuler à une place de titulaire avec l’équipe nationale. Finalement, j’ai vécu la plus belle compétition que l’on puisse faire dans une carrière de joueur. On a réussi quelque chose de fort avec l’équipe nationale mais cela a été au détriment de mon passage à l’AS Monaco. Avec du recul, je me dis que j’ai été très fier de porter les couleurs monégasques mais ce n’est pas forcément arrivé dans le bon timing.

J’avais mis du temps à rebondir dans un grand club après mon passage à l’AC Ajaccio. J’aurais aimé faire partie du groupe qui a terminé deuxième cette année-là puis participer à l’épopée jusqu’en quarts de Ligue des Champions la saison suivante. Mais cela fait partie de ma carrière et on ne pourra jamais m’enlever le fait d’être champion de France de Ligue 2 et du groupe qui a participé au renouveau de l’AS Monaco.

As-tu quand même eu le temps de côtoyer ces fameux grands joueurs ?

Oui parce que j’ai pu effectuer toute la phase de préparation avec notamment des stages en Autriche et en Allemagne. Honnêtement, on était un groupe vraiment homogène. Il y avait une superbe ambiance qui se détachait dans cette équipe. Radamel Falcao, James Rodríguez et Joao Moutinho se sont tout de suite bien intégrés au groupe même s’ils étaient étrangers.

Nous, on était là depuis un moment et on avait créé des affinités entre joueurs français. On avait un noyau dur entre Jérémy Toulalan, Eric Abidal, Valère Germain, Mounir Obbadi et Nabil Dirar, on se chambrait beaucoup. J’avais passé trois semaines superbes avec cet effectif-là. Au-delà d’être des grands joueurs et d’avoir des palmarès longs comme le bras, ils étaient de bonnes personnes et ont su se mettre au niveau de la mentalité des jeunes et des joueurs moins côtés. C’est ce qui a fait leur force et le parcours de l’AS Monaco par la suite.

Je trouve que c’était vraiment très représentatif de l’état d’esprit du groupe à cette période-là parce que tout le monde était resté et avait joué le jeu. A cette époque, il y avait beaucoup de joueurs étrangers avec des nationalités différentes. Tout le monde était mélangé entre joueurs, staffs et personnels. Cela démontre qu’il y avait une vraie union entre toutes les composantes du club. C’était vraiment un bon moment.
Carl Medjani, sur son meilleur souvenirAncien défenseur de l'AS Monaco

Quel serait ton meilleur souvenir au Club ?

Sur la période des six mois, il y a beaucoup de bons souvenirs. Si je devais en garder un, je dirais le jour où j’avais organisé un barbecue pour mon anniversaire. C’était autour de la mi-mai (il est du 15, ndlr.). J’avais invité toutes les composantes de la Turbie que ce soit les cuisiniers, le staff technique et médical ainsi que les joueurs. On avait eu de la chance d’avoir une superbe journée avec la météo au rendez-vous. Les cuisiniers avaient tout préparé avec des salades…

Je trouve que c’était vraiment très représentatif de l’état d’esprit du groupe à cette période-là parce que tout le monde était resté et avait joué le jeu. A cette époque, il y avait beaucoup de joueurs étrangers avec des nationalités différentes. Tout le monde était mélangé entre joueurs, staffs et personnels. Cela démontre qu’il y avait une vraie union entre toutes les composantes du club. C’était vraiment un bon moment.

D’ailleurs, es-tu resté en contact avec les membres de l’effectif ?

Oui c’est le cas encore avec quelques joueurs de l’effectif et aussi avec quelques membres du staff, pas forcément technique. Je suis notamment très proche de Bernard Veronico, qui a joué un grand rôle dans notre arrivée et dans l’accompagnement. Il était team manager à l’époque et a fait beaucoup de choses pour nos familles et nous.

C’est aussi le cas avec Bachir Nehar, qui plus est d’origine algérienne comme moi, on avait donc une affinité particulière. Je suis venu il y a quelques mois sur le match de Ligue Europa face à Trabzonspor, mon ancienne équipe. J’ai toujours des contacts avec l’AS Monaco et il fait toujours bon de venir 24 à 48 heures dans cette ville magnifique.

Rise. Risk. Repeat.