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Interview 18 mai 2023, 16:46

Bernardo Silva, l’Europe, Ranieri, 2017… Entretien inédit avec Ricardo Carvalho

Bernardo Silva, l’Europe, Ranieri, 2017… Entretien inédit avec Ricardo Carvalho
Présent dimanche dernier au Stade Louis-II pour assister à l’affiche entre l’AS Monaco et Lille (0-0), l’ancien défenseur des Rouge et Blanc - qui fête ses 45 ans ce jeudi -, en a profité pour évoquer ses meilleurs souvenirs en Principauté. Rencontre.

Il a laissé une image indélébile dans la mémoire des supporters de l’AS Monaco. Pourtant les supporters du club de la Principauté lui en veulent encore d’avoir empêché les hommes de Didier Deschamps de remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes.

Joyeux anniversaire Ricky ! 🎂

Mais c’est avec le professionnalisme et la bienveillance qui le caractérisent que Ricardo Carvalho a permis à l’institution de retrouver son lustre d’antan à partir de 2013. Présent au Stade Louis-II pour assister au choc contre le LOSC dimanche dernier (0-0), l’ancien défenseur portugais, qui fête ses 45 ans en ce jeudi 18 mai, en a profité pour évoquer son passage. Avec la simplicité et l’humilité qui l’honorent. Entretien inédit. 🎙

Bonjour Ricardo. Tout d’abord on imagine que c’est toujours spécial pour vous de revenir au Stade Louis-II…

Bien sûr ! C’est toujours un plaisir, car l’AS Monaco a été un club important pour moi. C’est vraiment très spécial, donc quand j’en ai l’occasion, j’en profite pour revenir ici. J’ai surtout de très bons souvenirs qui me viennent en tête, et c’est pour ça que j’aime être au Stade Louis-II.

Pourtant votre histoire avec les supporters du Club n’a pas bien commencé (référence à la finale de Ligue des Champions 2004)…

(Sourire) C’est le destin je dirais ! A l’époque c’était très important pour le FC Porto et pour moi de se retrouver en finale de cette compétition. C’était aussi une très belle opportunité pour l’AS Monaco de remporter ce trophée. Mais avec le recul je pense que notre victoire était méritée, sans faire offense à ce magnifique club.

Honnêtement avec le recul, je donne tout le crédit au coach. Il a bien su gérer l’équipe, même si ce n’était pas facile la première année. Mais on a réussi à finir à la deuxième place en Ligue 1 et à qualifier l’AS Monaco pour la Ligue des Champions. C’est juste dommage qu’il soit parti, car il méritait de continuer son parcours ici.
Ricardo CarvalhoA propos de Claudio Ranieri

D’ailleurs il ne doit pas rougir de son incroyable parcours cette année-là. Aller au bout, c’était top ! Et puis neuf ans après, je suis venu jouer ici. Même si j’étais déjà âgé, je me sentais bien et j’étais persuadé que je pouvais aider le Club à progresser et à grandir dans le championnat.

Une histoire qui devait durer un an, et qui s’est finalement prolongée !

(Il sourit) Oui c’était imprévu, puisque quand j’arrive j’ai déjà 35 ans, et je signe seulement pour une année. Mais je me sentais en forme encore une fois, et je pensais pouvoir apporter à l’équipe, au Club. Donc j’ai continué l’aventure, ça a duré trois ans finalement et c’était parfait ! Je me souviens que je jouais presque tout le temps, et c’était vraiment important pour moi de sentir que je pouvais aider l’AS Monaco à progresser.

Parlez-nous de Claudio Ranieri, qui vous fait venir en Principauté à ce moment-là.

A l’époque, Claudio avait tout fait pour ramener le Club en Ligue 1. Nous sommes arrivés à plusieurs, avec des jeunes joueurs comme des éléments plus expérimentés comme moi, Eric Abidal et Jérémy Toulalan. Le Président avait aussi beaucoup investi pour faire venir João Moutinho, James Rodriguez et Radamel Falcao, qui était la star !

Pour grandir, il faut avant tout gagner des matchs, et c’est ce que nous avons commencé à faire en 2013. Nous avons toujours été sur le podium à cette période-là, en terminant deuxièmes ou troisièmes. C’était important, car nous avions une très bonne équipe et notamment de jeunes talents.
Ricardo CarvalhoSur la saison 2013-2014

Honnêtement avec le recul, je donne tout le crédit au coach. Il a bien su gérer l’équipe, même si ce n’était pas facile la première année. Mais on a réussi à finir à la deuxième place en Ligue 1 et à qualifier l’AS Monaco pour la Ligue des Champions. C’est juste dommage qu’il soit parti, car il méritait de continuer son parcours ici.

Vous avez connu de sacrés joueurs durant votre passage, en plus de cette génération 2017 qui émergeait…

C’est vrai ! Pour grandir, il faut avant tout gagner des matchs, et c’est ce que nous avons commencé à faire en 2013. Nous avons toujours été sur le podium à cette période-là, en terminant deuxièmes ou troisièmes. C’était important, car nous avions une très bonne équipe et notamment de jeunes talents. Je me souviens de Yannick Carrasco, de Lucas Ocampos, de James Rodriguez.

Maintenant beaucoup d’entre eux sont dans des tops clubs en Europe, comme Bernardo Silva, qui est aujourd’hui un des meilleurs joueurs du monde. Kylian Mbappé également, qui a commencé à jouer avec nous et qui était une grosse surprise. Un phénomène !
Ricardo CarvalhoSur les jeunes talents passés par la Principauté

Ensuite Tiémoué Bakayoko est arrivé, de même que Fabinho et Thomas Lemar. C’était top ! On a grandi comme équipe, mais c’était vraiment important de gagner pour faire progresser ce groupe. Et c’était notre rôle en tant que joueurs plus âgés, d’accompagner l’équipe vers le succès.

Jusqu’à connaître une première épopée européenne en 2015, avec là encore une jeune génération !

C’est le foot ! On avait envie de montrer qu’on avait de bons joueurs, capables de faire tomber de grosses équipes comme on l’a fait avec Arsenal. Nous n’avions pas mis de limites dans ce groupe ! C’était important de montrer qu’on avait la capacité de faire tomber les Gunners. Et deux ans après, l’équipe a continué à grandir et on a gagné la Ligue 1. C’était crucial pour le Club.

Avez-vous conscience d’avoir participé au fait de remettre l’AS Monaco à sa place ?

(Sourire) Bien sûr, mais j’ai juste fait mon travail avec mes coéquipiers. Je ne peux pas oublier les autres joueurs plus âgés comme moi qui ont permis ça. Nous avons essayé de donner des conseils aux jeunes en leur expliquant de ne pas se fixer de limites, pour continuer à grandir.

Et maintenant beaucoup d’entre eux sont dans des tops clubs en Europe, comme Bernardo Silva, qui est aujourd’hui un des meilleurs joueurs du monde. Kylian Mbappé également, qui a commencé à jouer avec nous et qui était une grosse surprise. Un phénomène ! Encore aujourd’hui il n’arrête pas de progresser. C’est incroyable et c’est une fierté pour moi d’avoir participé à ce travail.

Je me rappelle aussi qu’on a perdu une fois aux penalties ici mais c’était en Coupe de la Ligue (en 2014-2015 contre Bastia, 0-0, 6 TAB à 7, ndlr). Il me semble que João Moutinho et Bernardo Silva avaient loupé leur tentative. On avait rigolé dans le vestiaire car j’avais dit que c’était les Portugais qui nous avaient empêché de passer (rires).
Ricardo CarvalhoAu sujet d'une séance de penalties

Si vous aviez un souvenir à retenir de ces trois années ici, lequel choisiriez-vous ?

La première année, vraiment c’était le plus important ! Nous avons commencé le projet au moment où le Paris Saint-Germain était quasi intouchable. Malgré tout nous avons fait match nul là-bas au Parc des Princes, pour montrer qu’on pouvait rivaliser avec cette équipe. C’était un premier signe ! Cette année a vraiment été charnière pour le Club, en prenant tout de suite la deuxième place qualificative pour la Ligue des Champions.

Le seul regret de cette saison est-il de ne pas être allé chercher la Coupe de France ?

Oui c’est certain. Je me rappelle aussi qu’on a perdu une fois aux penalties ici mais c’était en Coupe de la Ligue (en 2014-2015 contre Bastia, 0-0, 6 TAB à 7, ndlr). Il me semble que João Moutinho et Bernardo Silva avaient loupé leur tentative. On avait rigolé dans le vestiaire car j’avais dit que c’était les Portugais qui nous avaient empêché de passer (rires).

Mais pour le Club à la fin, c’est sûr que de gagner un trophée, ça reste dans l’histoire, c’est différent. Le chemin vers le succès est long, et je suis content d’avoir participé à ce parcours. J’ai célébré le titre de champion en 2017 comme si c’était moi qui avait gagné la Ligue 1 (sourire) !

Vous suiviez les exploits de vos anciens partenaires ?

Oui, j’étais heureux, je m’en rappelle très bien car c’était ma dernière année et j’étais en Chine à Shanghaï. J’ai regardé les cinq derniers matchs avec un stress incroyable pour suivre le score et les résultats. C’était phénoménal ! J’étais vraiment très content, même si je sais que ce n’est pas le mien (rires).

Il venait de la réserve de Benfica, et on en parlait entre nous, car il y avait déjà beaucoup de lusophones avec les Brésiliens Fabinho, Wallace… On disait : "Encore un qui parle portugais !". Quand on l’a vu sur le terrain, on a compris que c’était un phénomène.
Ricardo CarvalhoA propos de Bernardo Silva

Mais c’est normal, j’ai gardé de très bonnes relations avec le Club qui m’a toujours bien traité ! Je me sentais vraiment chez moi ici et d’ailleurs j’ai acheté une maison (rires) ! J’aime habiter ici, et l’AS Monaco c’est vraiment spécial pour moi.

Si vous deviez retirer un joueur avec qui vous avez évolué ici, lequel serait-il ?

J’en ai deux ou trois pour être franc. A l’époque, Bernardo Silva était une surprise, car je suis Portugais mais je ne le connaissais pas ! Il venait de la réserve de Benfica, et on en parlait entre nous, car il y avait déjà beaucoup de lusophones avec les Brésiliens Fabinho, Wallace… On disait : « Encore un qui parle portugais ! ». Quand on l’a vu sur le terrain, on a compris que c’était un phénomène. La façon dont il contrôle le ballon qui arrive, même un mauvais, ça colle au pied ! C’était incroyable.

Ensuite il y a Thomas Lemar, car il avait l’œil pour faire la bonne passe, le rythme aussi. Il était très compétitif. Et Fabinho ! Car il a beaucoup grandi quand il a changé de poste pour évoluer au milieu de terrain. En défense il était bien avec nous, mais en 6 il a progressé très vite en tant que joueur.

Il y a toujours des supporters qui sont très passionnés, notamment à l’extérieur ! On sentait toujours l’appui du public, déjà à l’époque partout en France. Donc il faut vraiment que les gens viennent aussi en masse au Stade Louis-II, c’est primordial !
Ricardo CarvalhoSur les supporters monégasques

Un autre peut-être ?

Comment ne pas citer Falcao ? C’était vraiment un attaquant obsédé par le but. C’est dommage qu’il ait eu cette grave blessure la première année en Coupe de France contre une équipe amateur. Il était top comme personne, et c’était un top attaquant ! Mais si je devais en choisir qu’un seul, je dirais quand même Bernardo Silva.

Avez-vous un petit message pour les supporters monégasques qui vous ont gardé dans leur cœur ?

Ce qui est important pour moi, c’est de voir que la ville, les gens aiment venir ici. Il y a encore un long chemin pour remplir le Stade Louis-II, car c’est important pour les joueurs et le Président de voir que les fans aiment venir ici. Il y a toujours des supporters qui sont très passionnés, notamment à l’extérieur ! On sentait toujours l’appui du public, déjà à l’époque partout en France. Donc il faut vraiment que les gens viennent aussi en masse au Stade Louis-II, c’est primordial !

Un dernier mot sur votre rôle au sein de la sélection du Portugal…

C’est vrai, j’ai commencé ma mission en mars. J’ai été invité par le nouveau sélectionneur Roberto Martinez à faire partie du staff. Je m’occupe davantage des défenseurs et de l’aspect tactique au niveau défensif pour le Portugal. Je suis là pour aider, et c’est une fierté de le faire pour mon pays.

Rise. Risk. Repeat.